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REVUE LITTÉRAIRE.

NAPOLÉON ET MARIE-LOUISE,
SOUVENIRS HISTORIQUES DE M. LE BARON MENEVAL.[1]

Comme presque tous les Mémoires de cette époque héroïque, le livre de M. Meneval commence avec un bruit de fêtes, un retentissement de clairons, une vive et radieuse lueur de magnifiques espérances. Napoléon n’est encore que le général Bonaparte, mais il est déjà l’idole de la France. Il est en Égypte ; on le rappelle, on l’attend de jour en jour ; tous les yeux sont tournés vers la Méditerranée. L’Angleterre est là, guettant sa proie. L’amiral Brueïs et Massaredo, l’amiral espagnol, ont quarante-deux vaisseaux ; mais les Anglais en ont soixante, et ils ont de plus le prestige d’Aboukir. Si la lutte s’engage, le jeune capitaine qui avait rêvé l’empire d’Orient ira peut-être mourir sur quelque ponton. Véritablement, l’anxiété dut être grande et profonde.

Tout à coup, pendant que la flotte espagnole est encore à Carthagène, radoubant ses navires maltraités par la tempête, tandis que Brueïs attend des forces suffisantes pour tenter une lutte si hasardeuse, le Muiron et le Carrera quittent l’Égypte, longent pendant vingt-trois jours la côte africaine, et,

  1. Deux vol. in-8o, chez Amyot, rue de la Paix.