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RÉPONSE À M. L’ARCHEVÊQUE DE PARIS.

prospère-t-il par des réformes beaucoup plus téméraires ? Celui qui pèche le plus prospère-t-il où celui qui pèche le moins succombe ?

M. l’archevêque sent bien que cette première raison n’est bonne que contre lui ; sans y insister, il appuie sur une autre : Vous la trouveriez, dit-il, dans les mauvais penchans de la nature humaine, si vous n’étiez pas assez aveugles pour les diviniser. Lors même que nous diviniserions les mauvais penchans (chose sur laquelle il sera nécessaire de revenir), le raisonnement n’y gagnerait rien encore. La nature humaine n’a pas seulement une mauvaise pente dans les contrées ultramontaines. Je ne pense pas même que M. l’archevêque veuille dire qu’elle est là plus méchante qu’ailleurs. Lors donc que j’avance que la politique étroitement catholique a contre elle un puissant argument, tiré de l’infériorité des états qui l’ont suivie, ce n’est pas répondre que d’opposer le vice originel de la nature humaine. Ce vice étant le même partout, je demande en quoi il explique la décadence des uns et la prospérité des autres.

Après ces réponses, dont chacune est tournée en accusation contre nous, M. l’archevêque fait un appel à l’amour de la paix. Nous y souscrivons de tous nos vœux : « Vous aimez la paix, on nous l’assure, vous avez gémi d’entamer une lutte propre à réveiller les passions. »

Pourquoi ces paroles de pacification n’ont-elles pas retenti plus tôt ? Sans doute elles auraient suffi pour arrêter les violences essayées contre nous, car M. l’archevêque n’ignore pas que ni la calomnie, ni l’injure, ne nous ont jamais arraché une parole de défense. Nous avons attendu patiemment que le droit de liberté de discussion ait été violé dans nos personnes, que l’insulte, la menace ouverte, l’émeute sacrée, soient venues nous provoquer, tête haute, et que notre parole ait été étouffée sous les cris pendant des heures entières par ceux qui se disent aujourd’hui les amis uniques de la liberté de discussion. Pour représailles, qu’avons-nous fait ? Une seule chose : nous avons suivi le cours ordinaire de notre enseignement ; nous avons raconté, analysé les origines d’un ordre dont nous ne pouvions éviter l’histoire. Nous l’avons examinée, comme nous eussions fait si rien de nouveau ne fût arrivé. Raconter l’histoire, ne rien dire qui ne soit conforme aux monumens, est-ce là de la vengeance, comme vous le dites, monseigneur ? Dans ce cas, c’est la vengeance de Dieu, ce n’est pas celle de l’homme.

Combien il eût été à désirer que les paroles évangéliques de M. l’archevêque de Paris eussent versé alors la paix dans les esprits fana-