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excellente et qu’il serait bien utile de transporter en France. Il y avait environ cent cinquante convives, presque tous littérateurs ou artistes ; on en compte souvent beaucoup plus. L’année dernière, la séance avait été présidée par le prince Albert ; cette année, le président a été le duc de Sutherland. Les tables avaient été dressées dans une belle salle de la taverne des francs-maçons qui sert habituellement à cet usage. Après dîner, on a entendu le rapport sur les opérations de la société pendant l’année. Deux souverains, l’empereur de Russie et le roi de Prusse, avaient envoyé des souscriptions. Le président a porté la santé de ces deux princes, et les ministres de Russie et de Prusse, MM. de Brunow et de Bunsen, qui étaient du nombre des convives, ont répondu au milieu des applaudissemens universels. J’ai regretté de ne pas voir le nom de la France, parmi les pays étrangers qui avaient souscrit. Quand il s’agit de protection pour l’intelligence, la France devrait toujours être en première ligne. Après les toasts pour les monarques donateurs sont venus ceux pour les principaux littérateurs présens et pour les principaux genres littéraires. Chacun remerciait à son tour ; c’est le savant et respectable M. Hallam qui a répondu au nom des historiens. Ces toasts, qu’accompagnent de bruyans houras, remplissent ordinairement toute la soirée.

La moquerie française fera sur ces réunions mangeantes toutes les plaisanteries qu’il lui plaira, la société du Literary Fund ne dîne pas seulement : depuis cinquante-quatre ans qu’elle existe, elle a fait beaucoup de bien, et elle en fait encore beaucoup tous les jours. Dans le courant de la seule année 1842, elle a distribué à des écrivains indigens ou à leurs familles pour plus de trente mille francs de secours. Or, il n’est pas douteux que le dîner annuel ne soit pour beaucoup dans la conservation de l’institution. Ce dîner a été présidé successivement par des princes du sang et par les plus grands seigneurs de l’Angleterre ; il sert à établir entre les littérateurs et les artistes qui composent la société des relations cordiales et fraternelles. L’usage des toasts et des remerciemens qui les suivent a évidemment pour but d’amener les plus distingués des convives à entretenir successivement l’assemblée, ce qui double l’intérêt de curiosité. Les autres sociétés qui ont des dîners anniversaires, comme le Literary Fund, s’en trouvent également bien. Quant aux meetings, ils ont un autre but qu’ils ne remplissent pas moins. Ce que les dîners sont pour le maintien des fondations, les meetings le sont pour la propagande ; ce sont les sociétés religieuses ou politiques qui