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REVUE. — CHRONIQUE.

lées, n’a pas empêché le cabinet britannique de signer avec le nôtre une convention postale qui ne doit pas passer inaperçue. Cet acte, dont la complication des intérêts rendait la conclusion si difficile, exercera une heureuse influence sur les relations des deux pays. Les taxes internationales sont considérablement abaissées et dans une proportion à peu près égale des deux côtés. Des sacrifices mutuels réduisent également les taxes qui grevaient la correspondance en transit ou d’outre-mer, et grace à des dispositions heureusement combinées, une accélération remarquable se trouve établie dans les correspondances échangées entre toutes les parties du monde.

C’est depuis 1836 seulement que les journaux quotidiens publiés en France et en Angleterre peuvent être envoyés d’un pays à l’autre par leurs postes respectives aux conditions déterminées par les lois des deux états. À la faveur de cette faculté si tardivement accordée, l’Angleterre envoie aujourd’hui en France à peu près sept cent trente mille journaux quotidiens par an, et la France en fournit à l’Angleterre environ trois cent cinquante mille.

Les vives et persévérantes résistances opposées par l’office des postes anglaises au transport des revues n’ont pu être complètement levées, malgré les efforts éclairés du négociateur français, M. Dubost, qui, dans cette circonstance, s’est acquis des titres réels à la reconnaissance du pays. Ce n’est que vers la fin de la négociation qu’on est parvenu à faire poser le principe de l’admission et de l’échange, entre les deux pays, des ouvrages périodiques publiés sous forme de brochure. On sait que les recueils périodiques ne sont pas expédiés en Angleterre par la poste, et celle-ci craignait de voir des publications, presque innombrables au-delà de la Manche, envahir et encombrer ses moyens de transport, déjà débordés souvent par les journaux quotidiens, qui ne s’élèvent pas, au départ de Londres, à moins de cent cinquante mille par jour. D’après l’art. 74 de la convention postale, tout ouvrage pesant au-dessus de trois onces anglaises et n’excédant pas quatre onces paiera 8 pence ou 80 centimes ; ce prix sera augmenté de 2 pence ou 2 décimes par once au-dessus de 4, et jusqu’au nombre de 16, limite de l’admission. Ces dispositions portent le prix d’affranchissement de la Revue, pour l’Angleterre, à 1 fr. 80 c. par numéro, soit 43 fr. 20 c. pour frais de poste de l’année entière. Cette somme, ajoutée à celle de 56 fr., prix de la souscription jusqu’à Calais, élève l’abonnement, pour la Grande-Bretagne, à 99 fr. 20 c. Cette situation est loin d’être satisfaisante, mais il est juste de l’accepter comme un progrès, et d’attendre de l’expérience et des lumières de l’administration anglaise, des modifications qui importent aux communications intellectuelles entre les deux pays. Nous ne doutons pas que notre direction générale des postes ne se fasse, de son côté, un devoir d’exécuter dans le sens le plus libéral un traité aujourd’hui ratifié.

L’Espagne a terminé sa crise ministérielle comme il est d’usage dans ce pays, par la solution la plus inattendue. M. Cortina et M. Olozaga semblaient seuls pouvoir rallier les élémens d’une majorité d’ailleurs problématique : le régent a choisi M. Lopez après d’habiles manœuvres pour entraver les négo-