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LE TERRITOIRE DE L’OREGON.

mandent le pays. C’est au péril de leur vie que les chasseurs américains se hasardent aujourd’hui au delà des Montagnes Rocheuses. L’embouchure de la Columbia est ouvertement un entrepôt de marchandises anglaises, qui inondent les états de l’ouest, au grand détriment du trésor et des manufactures indigènes. Gardez-vous de croire que la compagnie de la baie d’Hudson ne soit qu’une société de particuliers, agissant uniquement dans son propre intérêt. Ne nous y trompons pas. La compagnie de la baie d’Hudson, c’est l’Angleterre cachant ses desseins sous le masque du commerce ; c’est l’Angleterre établissant son empire et prenant possession du territoire de l’Oregon, le soumettant à la juridiction des agens de la compagnie et aux cours d’appel du Canada. N’est-ce pas là une violation de la convention ? Il est temps de mettre un terme à un état de choses aussi pernicieux à l’honneur qu’aux intérêts des États-Unis.

Il est vrai, répondaient à leur tour les adversaires du bill, l’Angleterre a usé de la convention à notre détriment ; elle a abusé de l’imprévoyance de notre gouvernement, qui n’a pas prévu les conséquences de cette concession, il est vrai qu’à l’ombre de cette convention et sous le manteau de la compagnie commerciale, l’Angleterre prend possession d’un pays qui nous appartient ; qu’elle l’occupe, et que si nous tardons davantage, quelque valeur qu’aient nos titres, nous ne serons pas reçus à en faire la preuve, et qu’alors même que l’Angleterre reconnaîtrait la justice de nos réclamations, elle aurait jeté dans ce pays les germes d’une colonie qui entraverait l’exercice de nos droits. Mais il n’en est pas moins vrai que le bill de M. Linn viole la convention, et que, si l’Angleterre a abusé de la liberté accordée à ses sujets, ce n’est pas elle que nous en devons rendre responsable : nous ne pouvons en accuser que notre propre erreur et notre propre folie. Quels qu’aient été ses desseins cachés, le gouvernement anglais ne nous a pas donné sujet par ses actes publics, les seuls que nous pussions juger, d’user de représailles si violentes. Au contraire, autant sa conduite secrète tendait à la ruine de nos droits, autant ses actes et ses sentimens publics ont gardé l’apparence de la bonne foi et de la justice, comme le prouve l’acte qui a réuni la compagnie du nord-ouest à la compagnie de la baie d’Hudson, dans lequel les droits et immunités des citoyens des États-Unis sont expressément sauvegardés, Nous voulons autant que vous le résultat que M. Linn s’est proposé par la mesure dont il est question, mais nous le voulons par des moyens plus conformes au droit public et à l’équité. La voie des négociations n’est-elle pas plus na-