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qu’ils n’aient pas déjà été visités par des Européens. Cook arriva le 7 mars 1778 en vue du continent américain, vers 44° de latitude nord. Après avoir durant plusieurs jours longé la côte, il aborda le 19 dans le golfe de Nootka, dont Perez avait déjà pris possession au nom de l’Espagne en 1774, c’est-à-dire quatre ans auparavant. Il vit dans les mains des Indiens des instrumens de fabrique européenne ; mais, comme il ignorait que des Espagnols eussent visité récemment ces parages, il imagina que ces objets leur étaient venus par terre du Mexique. Après n’être demeuré que le temps nécessaire pour faire du bois et de l’eau, il remit à la voile, et vers le 61° de latitude, il découvrit l’embouchure d’une rivière qui a reçu son nom, et un pays dont il prit possession. C’est la seule acquisition faite par Cook dans sa longue et infructueuse traversée. Il ne paraît pas que l’Angleterre ait cru bien sérieusement à la valeur de ce titre de possession, car elle n’a fait aucune difficulté d’abandonner, par la convention de 1825, cette découverte à la Russie, qui la revendiquait.

Ce n’était pas sur des allégations aussi dénuées de fondement que les plénipotentiaires américains pouvaient admettre les prétentions de l’Angleterre au partage du territoire de l’Oregon. Après de longues discussions infructueuses, on convint de laisser indécise la question de possession : c’était tout ce que désirait l’Angleterre. L’article de la convention du 20 octobre 1818 fixa le 49° de latitude nord pour ligne de démarcation entre les territoires respectifs des deux puissances contractantes, depuis l’extrémité nord-ouest du lac des Bois jusqu’aux Montagnes Rocheuses. Toujours entraînés par une imprévoyance impardonnable, les plénipotentiaires américains, non contens de consentir à effacer la continuation de cette limite jusqu’à la mer Pacifique, ce qui était un obstacle aux desseins de l’Angleterre, agirent comme s’ils eussent voulu les favoriser. Le même article porte, en termes formels, que le territoire en litige, non pas seulement jusqu’à la Columbia, mais tout le pays jusqu’à la frontière de la Californie compris entre les Montagnes Rocheuses et la mer Pacifique, sera, avec ses havres, ses baies et ses rivières, libre et ouvert, pendant les dix années qui suivront la signature de la présente convention, aux navires, citoyens et sujets des deux puissances. Tout ce qu’ils exigèrent pour la sûreté des droits des États-Unis, c’est qu’il fût inséré dans le même article que les termes de cette convention ne préjudicieraient en rien aux prétentions que l’une ou l’autre des deux parties contractantes pourrait avoir sur une portion du territoire de l’Oregon ; mais les Anglais y ajoutèrent ce correctif, qu’ils