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LE TERRITOIRE DE L’OREGON.

aux Indiens au sud de l’embouchure de la Columbia. Sans apporter aucune preuve à l’appui de ces allégations, ils proposèrent d’entrer en compromis pour la possession de tout le territoire de l’Oregon, et de prendre la Columbia pour limite entre les possessions respectives des deux puissances au-delà des Montagnes Rocheuses. On comprend aisément quel fut l’étonnement des plénipotentiaires des États-Unis à cette étrange prétention.

Sur quel fondement l’Angleterre pouvait-elle élever cette réclamation dont on n’avait pas encore ouï parler ? Assurément, si un droit était incontestable, c’était le droit de l’Espagne cédé aux États-Unis. Nous avons vu que plusieurs navigateurs espagnols, dans des expéditions entreprises pour explorer la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord, avaient découvert les points les plus importans du littoral, et que particulièrement don Bartolome Ferrelo avait, en 1543, poussé jusqu’au-delà du 43° de latitude nord. Ce ne fut que trente-cinq ans après que Drake parut dans la mer Pacifique. Dans quel but ? Était-ce dans le dessein de découvrir de nouveaux continens, de doter son pays de nouvelles possessions ? Non, assurément ; Drake n’était alors, comme chacun sait, qu’un hardi aventurier que l’amour du gain seul poussait dans ces mers lointaines. Craignant d’être rencontré à son retour par les vaisseaux qui s’étaient mis à sa poursuite pour le punir de ses pillages et de ses méfaits, il résolut de revenir par le cap de Bonne-Espérance ; seulement, avant de se mettre en route, il remonta vers le nord et s’arrêta quelque temps vers le 38° de latitude, dans une rade sûre et commode, qui est aujourd’hui le golfe San Francisco, pour se ravitailler et faire reposer ses équipages. Mais qui jamais, avant ces négociations, avait entendu dire que Drake eût fait des acquisitions de territoire sur la côte occidentale de l’Amérique ?

Deux siècles après, le capitaine Cook parut dans les mêmes mers. Il était chargé de découvrir une route de l’Inde plus directe que celle du cap de Bonne-Espérance ou du cap Horn par un passage que l’on croyait exister entre les deux océans. Les instructions du conseil de l’amirauté prouvent que tel était l’unique objet du voyage de Cook. Elles lui recommandent de se hâter d’arriver dans le nord le plus tôt possible, de ne point perdre de temps à explorer les côtes et à découvrir de nouvelles terres, et de ne s’arrêter que pour renouveler sa provision d’eau et de bois. Ce n’est qu’après être arrivé au 65° de latitude nord qu’il lui sera permis de prendre avec le consentement des naturels, des pays qu’il aura découverts, pourvu