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charge qu’ils imposent au public et le bénéfice qu’ils procurent aux compagnies exploitantes ne devant plus représenter, au bout d’un certain nombre d’années, qu’une partie de leur valeur.

À ne prendre pour indice de la diminution que subit progressivement la valeur de l’argent, que le changement qui s’opère dans le rapport de l’argent à l’or, rapport qui était de 1 à 12 il y a deux cents ans, et qui est aujourd’hui de 1 à 16, on trouve qu’une rente stipulée en argent ne vaudra plus dans deux siècles que les trois quarts de ce qu’elle vaut aujourd’hui. En suivant la même progression pour les tarifs des chemins de fer, on voit que le cours naturel des choses en aura réduit, après deux cents ans, suivant le calcul le plus modéré, la charge réelle de 25 pour 100. Si l’on réfléchit que le prix du combustible et de tous les matériaux, évalué en argent, aura haussé pendant ce temps-là, et que par conséquent les frais d’exploitation se seront accrus, il devient manifeste que cette diminution de 25 pour 100 serait, en tout cas, le maximum de réduction que l’on pût espérer.

Il n’y a donc pas un grand intérêt pour l’état ni pour le pays à devancer le temps, en diminuant de gré ou de force les tarifs des chemins de fer au moment de la concession, et en leur retirant ainsi tout caractère de rémunération. Ajoutons que cette tentative aura peu de succès ; les compagnies, quelle que soit la subvention qu’on leur accorde, n’accepteront pas dans le taux du péage une réduction qui corresponde à l’intérêt du capital prêté ou donné, car l’exploitation d’un chemin de fer a des résultats trop incertains pour que ceux qui l’entreprendront se placent volontairement sur la limite où le bénéfice s’arrête et où la perte peut commencer. Ce point est démontré jusqu’à l’évidence dans l’excellente brochure que M. le comte Daru vient de publier.

« Voyons à quel rabais les compagnies pourront consentir, en raison des fonds qui leur seront fournis par le trésor.

« Dans l’exploitation d’un chemin de fer, l’entretien et la réparation de la voie et des machines, les frais payables dans tous les cas sur ses produits prélèvent, pour une circulation moyenne, pour une circulation qui donne 4 pour 100 de revenu net, au moins moitié des revenus bruts.

« Si le tarif régulateur fixé par la loi est de 8 centimes (moyenne entre 5 et 10 cent.) par kilomètre et par voyageur, 4 cent. 1/2 environ seront nécessaires pour acquitter les diverses dépenses d’exploitation. Les 3 c. 1/2 restans, destinés à payer l’intérêt et l’amor-