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LETTRES SUR LE CLERGÉ.

la France, avait eu le malheur de montrer quelque penchant pour les libertés de l’église gallicane, est un don Quichotte, un impie[1], et M. Matter, dont on critique amèrement les productions, est appelé un libertin[2]. M. Michelet, qui a su toujours donner à son enseignement un caractère particulier d’élévation, est, dit le Monopole universitaire, un impur blasphémateur… L’immoralité dans ses cours marche de pair avec l’impureté, et l’on ajoute, à propos de quelques opinions historiques du savant professeur, cette phrase si remplie de modération : « Voilà donc l’inceste épuré par ses résultats, un diplôme de mauvais lieu ou de déshonneur et de poignant chagrin pour la famille donné au nom de l’Université à tous les professeurs-élèves de l’École normale ou du Collége de France, et par eux à tous les jeunes gens du royaume[3] ! »

On ne finirait pas, monsieur, si l’on voulait citer toutes les personnes honorables contre lesquelles les auteurs du Monopole universitaire lancent leur venin. Il serait difficile de nommer un écrivain de quelque valeur, un homme connu dans les lettres, qui ne soit éclaboussé ; M. Damiron, M. Dubois, M. Nisard, M. Jules Simon, M. Charles Labitte, M. de Wailly, M. Philarète Chasles, M. Magendie, M. Michel Chevalier, M. Cuvilier-Fleury, M. Caïx, M. Rossi, M. Letronne, M. Gerusez, M. Charles Magnin, M. de Lacretelle, tout le monde enfin est attaqué dans ce livre. Des professeurs qui ont su toujours se distinguer par leur respect pour la religion sont, avec une insigne maladresse, aussi maltraités que les autres, et l’on dit par exemple de M. Saint-Marc Girardin que « son cours est un composé de toutes choses, d’erreurs, de passions, de protestantisme, de philosophie, d’incrédulité, d’aversion pour l’église et pour les rois[4]. »

Les hommes politiques ne sont guère plus épargnés que les simples mortels. Je vous ai cité une des phrases les plus polies qu’on ait employées à l’égard de M. Cousin. M. Thiers, M. de Rémusat, M. de Salvandy, reçoivent par-ci par-là quelques bonnes égratignures. Quant à M. Villemain, depuis surtout qu’il a publié son rapport

  1. Ibid., pag. 445, 452.
  2. Ibid., pag. 157.
  3. Ibid., pag. 395, 398 et 440.
  4. Ibid., pag. 116.