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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 avril 1843.


Aucun fait important n’a modifié la situation dans la quinzaine qui vient de s’écouler, et n’est venu altérer d’une manière notable le bilan respectif du ministère et de l’opposition.

Le cabinet a obtenu, à la majorité d’une voix, la loi sur l’augmentation du personnel de la cour royale de Paris, victoire qu’il a la loyauté d’assimiler à une défaite ; il s’est vu renvoyer, par la chambre, plusieurs pétitions importantes, malgré ses vives résistances : voilà la part de ses revers.

L’opposition, de son côté, a subi un échec sur la proposition introduite par l’honorable chef de la gauche relativement à la révision de divers articles des lois de septembre. Cet échec, assurément, était aussi facile à éviter qu’à prévoir, et M. Odilon Barrot connaît trop bien la chambre pour avoir entretenu quelque illusion sur le sort réservé à une proposition si subitement introduite. C’est donc sciemment qu’il s’est fait battre. Une telle résolution n’est jamais habile, mais elle est parfois nécessaire, et nous sommes disposés à admettre que, dans l’état actuel des choses, il était assez difficile à M. Barrot de ne pas lever au moins une fois son propre drapeau, même avec la certitude d’être vaincu.

Tant que les questions ministérielles ont été pendantes, la gauche, jusque dans ses nuances les plus vives, s’est effacée avec une abnégation qu’il est juste de reconnaître ; elle ne s’est refusée à aucun ajournement, à aucune tactique, à aucune transaction pour faire arriver au pouvoir des hommes sans aucun engagement avec elle. On sait quel a été le résultat de cette modération inaccoutumée : toutes les prévisions ont été déconcertées, le cabinet a traversé les plus dangereuses épreuves, et la gauche n’a pas eu seulement le