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et le but de cet art, qui est avant tout l’expression du beau de la ligne, de la forme. La statue de M. Simart représente la Philosophie. Comme aspect d’ensemble, elle a une grande et sévère tournure qu’on rencontre rarement ailleurs que dans les statues antiques. La tête est d’un type noble, énergique et élégant. Le bras qui retient la draperie est peut-être un peu plat et d’une musculature trop masculine. Parmi les autres statues, grandes et petites, on n’aurait guère à citer que le Charles d’Anjou, de M. Daumas, dont on avait vu déjà le plâtre ; la Jeune fille à l’escargot, de M. Desprez, d’une pose ingrate et d’une exécution extrêmement faible ; la Baigneuse ou Galathée, de M. Feuchères, bonne étude de la nature, vraie, mais sans style ; la Sainte-Cécile, de M. Foyatier, dont la draperie est particulièrement disgracieuse ; la statue du maréchal Brune, de M. Lanno, bien posée et d’un jet assez hardi, mais d’une exécution mécanique, et la petite Psyché de M. Gruyère sculpture d’un travail délicat et fin.

M. Molchneht a emprunté à Murillo le type d’une Vierge ; l’exécution en est très étudiée, trop étudiée, car elle va jusqu’à la recherche et à l’afféterie fine cependant dans les détails ; les mains sont délicatement belles. Dans l’ensemble peu de caractère.

Le Jeune berger piqué par un serpent, de M. Maindron, pèche aussi par excès ; le détail absorbe la ligne. Son groupe (si le serpent est une figure) est conçu au point de vue du pittoresque ; en général, on pourrait dire que la sculpture, comprise à la manière de M. Maindron, est de la scupture de peintre.

La Charité, de M. Oudiné, n’a de suffisamment réussi que les figures d’enfans. La tête de la figure principale est insignifiante. C’est là un de ces ouvrages à l’égard desquels l’éloge et la critique seraient également déplacés.

Les bustes et portraits prédominent ici comme dans les salles de la peinture. Nous remarquerons, d’une manière générale, que les sculpteurs modernes ne savent véritablement pas ce que c’est qu’une tête humaine. Les anciens seuls l’ont su. Maintenant, nous sommes plus à l’aise pour recommander les bustes-portraits de M. Briand (Louis), d’un modelé fin et exact ; de M. Elschoët, quoiqu’il ait trouvé moyen de rendre petitement une tête dont le type était grand, celle de M. Jouffroy ; de M. Legendre-Héral (Portrait de M. Granet). Il vaudrait mieux se taire sur le bas-relief en bronze de M. Lemaire (la Distribution des croix d’honneur au camp de Boulogne), création des plus malheureuses.

Les Animaux de M. Mène ne mériteraient peut-être pas d’être