Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 2.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
REVUE DES DEUX MONDES.

une seule aussi pour la Grèce orientale, l’école d’Athènes, et toutes deux fort médiocres.

Quand éclata la grande lutte de 1821, professeurs et élèves, en Grèce et hors de Grèce, désertèrent les écoles pour prendre les armes. Une partie de cette vaillante jeunesse, qui composait le bataillon sacré, tomba à Dragatschan victime du plus généreux enthousiasme. Et telle était l’ardeur qui précipitait au combat tous les Hellènes, que ceux qui étaient à la tête des affaires durent inviter, au nom du pays, les jeunes Grecs qui étudiaient dans les villes étrangères à ne pas abandonner les écoles afin qu’il restât quelqu’un pour éclairer le pays quand il serait libre. Pensée d’avenir remarquable dans un gouvernement qui luttait encore et déjà se montrait préoccupé de l’instruction future de ses concitoyens, pensée également honorable et pour le gouvernement qui se privait courageusement de bras prêts à se lever, en sa faveur, et pour ces nobles jeunes gens dont on ne parvint à modérer l’ardeur pour le péril qu’au nom de cette patrie pour laquelle ils eussent voulu mourir, mais qui voulait se les réserver.

Dans de telles circonstances, on ne pouvait songer à ériger des écoles. Toutefois quelques mesures furent prises par le gouvernement provisoire en faveur de l’enseignement primaire, notamment par le fondateur de l’enseignement mutuel en Grèce, M. Kléobulos.

En ce qui concerne l’enseignement supérieur, un seul savant, M. Gennadios, tout en réclamant dans la lutte armée une part glorieuse, resta fidèle à ses fonctions académiques. Nul n’exhorta plus énergiquement que lui les combattans aux sacrifices et à l’union ; en même temps, autant que les circonstances le permirent, il ne cessa jamais d’instruire la jeunesse. Ce ne fut qu’après la bataille de Navarin, après l’expulsion des troupes égyptiennes par l’armée française, et la reconnaissance de l’état grec par les grandes puissances, qu’on put songer sérieusement à l’organisation de l’instruction publique. Et encore l’attention du président Capodistrias était distraite par bien d’autres sollicitudes. Il se borna, durant son administration d’ailleurs fort courte, à établir dans l’île d’Épire une école centrale et un asile où devaient être recueillis les enfans devenus orphelins par la guerre, et principalement les orphelins rachetés de l’esclavage ; en outre Capodistrias créa environ trente écoles primaires, une école ecclésiastique à Poros et une école militaire à Nauplie. Ce dernier établissement, admirablement conduit par un