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DE L’AGRICULTURE EN FRANCE.

est relatif à la conservation du lit des rivières, à celle des rives et à la navigabilité, questions que par une loi on soustrairait au jugement des préfets et des conseils de préfecture pour les soumettre à un préfet du fleuve, afin qu’il trouvât dans les lois antérieures les droits et les pouvoirs qui lui seraient nécessaires. Un conseil de préfecture jugerait les questions contentieuses. Sans cette nouvelle centralisation des intérêts de la navigation et des riverains, que la division par départemens a éparpillés outre mesure en un trop grand nombre de mains, on ne fera rien d’efficace ni de durable. Un corps d’ingénieurs hydrauliciens chargés des travaux compléterait cette organisation. Ces ingénieurs acquerraient l’expérience que leurs fonctions, si diverses dans les départemens, ne leur permettent pas d’atteindre. Ce serait une spécialité dans le corps des ponts-et-chaussées, comme on a reconnu tacitement qu’il fallait en établir une pour les travaux à la mer.

Si nous continuons à nous servir de l’expérience de ce qui s’est passé sur le Rhône pour rechercher quelle serait l’organisation la plus convenable à nos rivières, nous trouverons encore que les travaux d’une même rive, exécutés par des syndicats de commune, étaient mal conçus pour la défense générale ; qu’obligés de garantir un seul territoire, ils devenaient plus coûteux, faute de se raccorder avec les travaux supérieurs ; enfin, que les ressources d’un grand nombre de petites communes étant trop faibles, les ouvrages étaient mal construits, surtout mal entretenus, et point surveillés. Le moyen de parer à ces inconvéniens est de faire de grands syndicats, formés de toutes les communes d’une même rive, dans chaque bassin du fleuve. Ces bassins, indiqués par des resserremens successifs de montagnes, comprennent évidemment des territoires solidaires l’un de l’autre, et il est juste que les communes inférieures, garanties par les ouvrages supérieurs, concourent au perfectionnement des travaux. Ces syndicats étendus et riches formeraient une caisse d’assurance mutuelle qui rendrait les malheurs partiels faciles à réparer, sans trop grever la partie qui a souffert et qui travaille dans son intérêt sans doute, mais aussi dans l’intérêt des territoires inférieurs, si les travaux sont conçus dans un bon esprit. On créerait dans chacune de ces sections des gardes de chaussée, on établirait sur les digues des corps-de-garde et des cloches pour annoncer le danger, et enfin la loi réglerait l’obligation, pour les habitans des communes, de se porter au secours des chaussées comme pour le cas d’incendie, avec une sanction pénale de cette obligation. Le décret insuffisant et ap-