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LA RUSSIE.

III.[1]
Le Couvent de Troïtza. — Le Clergé russe.

Il y a douze grands couvens à Moscou ; il y en a à Pétersbourg, à Kieff, à Smolensk, dans toutes les villes et toutes les provinces de l’ancien empire russe. De ces nombreux couvens d’hommes et de femmes, fondés par des princes, enrichis par des dons multipliés, illustrés par des traditions pieuses, il n’en est pas un qui jouisse d’une aussi grande célébrité que celui de Troïtza. La légende religieuse lui donne un caractère auguste, l’histoire un nom glorieux. Le peuple le nomme avec vénération comme un des sanctuaires de sa foi, et avec amour comme un rempart de son pays.

Le couvent de Troïtza fut fondé au milieu du xive siècle par saint Serge, l’humble anachorète dont toute la vie est une longue suite de miracles. Les miracles éclatent même avant sa naissance. Sa mère enceinte s’en va un jour à l’église. « Au moment où le prêtre allait lire l’Évangile, dit le naïf biographe du saint, le métropolitain Philarète[2], l’enfant qu’elle portait dans son sein jette un cri, et le répète après la communion, si fort que toute l’assemblée l’entend. L’enfant vint au monde connaissant déjà les commande-

  1. Voyez les livraisons du 1er décembre 1842 et du 1er janvier 1843.
  2. Discours sur la vie de saint Serge, prononcé par le métropolitain Philarète. Moscou 1822.