Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 1.djvu/522

Cette page a été validée par deux contributeurs.
516
REVUE DES DEUX MONDES.

et le maître de l’Espagne est forcé lui-même de fléchir le genou devant le fragile objet qu’il briserait d’un souffle. C’est que cette jeune fille c’est la reine, c’est-à-dire la monarchie, l’unité, la transmission, la nationalité, tout ce qui fait la force des peuples. La puissance morale, l’idée, est ici bien au-dessus de la puissance physique, de la force. Peu après le soulèvement de Barcelone, quand les insurgés étaient maîtres de la ville et les troupes campées autour, le jour anniversaire de la naissance d’Isabelle II arriva. Ce jour-là, le camp et la ville, les assiégeans et les assiégés, ont célébré une même fête, et ceux qui s’étaient battus la veille se sont confondus dans les mêmes sentimens de dévouement et de respect.

Tous les partis comptent avec impatience les jours qui les séparent encore de la majorité de la reine, époque fixée par la Providence, comme l’a si bien dit M. Cortina, pour la conciliation des Espagnols. Que la reine atteigne sa majorité, que la constitution soit respectée, et rien n’est perdu. Il n’y a donc qu’un vœu à former pour l’Espagne, et ce vœu n’est autre que le cri national du plus ancien peuple constitutionnel : Dieu sauve la reine !


****.