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DU DROIT DE VISITE.

à sa demande, fût fermé. La note qui en demandait la clôture donnait, dit-on, pour motif du refus définitif de ratification, l’opposition rencontrée dans les chambres ; à quoi le cabinet anglais répondit qu’il ne pouvait admettre un pareil motif, parce qu’il n’était pas de ceux qui autoriseraient ce refus, et parce que l’opposition des chambres françaises rencontrait un sentiment contraire dans le parlement anglais, qui autoriserait le cabinet de Londres à insister. « Retirez, aurait-il dit, votre note, et demandez simplement la clôture du protocole ; elle sera prononcée. » Sur quoi la note aurait été retirée. Le traité a donc été définitivement conclu à quatre, et ainsi se sont reproduites jusqu’au bout toutes les circonstances du traité du 15 juillet : — négociation entamée par un ministère, poursuivie par d’autres, et venant mourir dans les mains d’un dernier cabinet qui en recueille toute l’amertume ; — influence de la chambre élective se jetant à la traverse d’une négociation et lui imprimant une direction différente qui empêche, en 1839, d’adhérer à l’amoindrissement de l’Égypte, en 1842, d’adhérer au droit de visite ; — concert provoqué par la France pour régler une question à cinq et se terminant par un traité à quatre dont elle est exclue.

Ce résultat n’était pas encore connu aux États-Unis quand le congrès s’est rassemblé, mais on a vu par le message du président du 5 décembre qu’ils ont applaudi aux efforts de leur ministre à Paris pour l’obtenir, et qu’ils se flattent que les puissances de l’Europe aboliront entièrement le principe dangereux qu’elles ont laissé s’établir[1].

  1. Le président, rendant compte du traité fait avec l’Angleterre, dit :

    « Après la question des frontières, la plus menaçante était celle relative à la traite des noirs. Le traité de Gand a stipulé que, le trafic des esclaves étant inconciliable avec la justice et l’humanité, l’Angleterre et les États-Unis feraient tous leurs efforts pour arriver à l’entière abolition de ce trafic ; mais, par suite des traités conclus entre l’Angleterre et les autres puissances sur le même objet, un abus tendait à s’établir, celui de la visite des bâtimens américains, sous prétexte d’en vérifier la nationalité. Cette visite, en même temps qu’elle entraînait une violation de nos droits maritimes, aurait exposé à des vexations une branche croissante de notre commerce ; et bien que lord Aberdeen eût déclaré qu’on n’entendait pas détenir un navire véritablement américain dans les hautes mers, même alors qu’il aurait des esclaves à bord, et que l’Angleterre bornait sa prétention à constater par une visite et une enquête que le navire n’avait pas usurpé le pavillon américain, nous n’avons pas compris comment cette visite et cette enquête pourraient avoir lieu sans une suspension du voyage, et par conséquent sans une interruption du commerce. C’était, en réalité, le droit de visite présenté sous une autre forme et exprimé en termes différens. Je regardai donc comme un devoir de déclarer, dans mon dernier mes-