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sion, qui n’a cessé de se manifester dans le revenu depuis 1832, suive la même marche, on peut espérer que le revenu de 1844 excédera d’au moins 40 millions celui de 1842, et que les recettes s’élèveront peut-être à 1,300 millions.

C’est là un revenu considérable et solidement établi. La France supporte sans difficulté le poids de cette contribution qui se divise en plusieurs sortes d’impôts, et que les contribuables augmentent volontairement en accroissant leurs consommations. Depuis 1814 jusqu’à 1827, les contributions directes avaient été dégrevées de 92 millions ; depuis 1830, le produit de ces taxes s’est relevé de 70 millions, dont 12 millions proviennent de l’accroissement naturel de la matière imposable, et dont 15 millions ont été votés par les conseils départementaux principalement pour améliorer les voies de communication. L’impôt foncier en 1844 ne s’élève donc pas au même chiffre que sous la restauration ; et pourtant nous n’exagérons rien, en admettant que le revenu des propriétés tant rurales qu’urbaines s’est depuis cette époque accru de moitié. Ainsi, une contribution moindre prélevée sur un revenu amélioré, voilà l’état de l’impôt direct. Provisoirement du moins, il n’y a pas de raison de toucher à cette florissante situation.

Mais on conviendra que l’impôt indirect, l’impôt de consommation pourrait et devrait rendre davantage au moyen de tarifs mieux appropriés aux besoins des consommateurs. Si l’Angleterre, dont le système contributif repose à peu près exclusivement sur l’impôt indirect, avec une population de 24 millions d’habitans, verse entre les mains du fisc une somme de 1,300 millions, pourquoi la France, qui a plus de 34 millions d’habitans, ne rendrait-elle pas au trésor, en suivant la même proportion, 18 à 1,900 millions ?

Pour nous réduire à ce qui est immédiatement possible, nous ne doutons pas qu’en modifiant les tarifs ou le mode de perception de certaines taxes indirectes, on ne parvînt en France à élever promptement le revenu de l’état à 1,500 millions. En Angleterre, les douanes (accise), qui comprennent aussi les droits établis sur le tabac et sur le sucre, rapportent plus de 500 millions. Le produit de ces trois articles n’est porté dans les évaluations du budget de 1844 que pour 258 millions, environ moitié du produit anglais ; encore les droits de douane proprement dits y sont-ils compris pour moins de 105 millions.

L’inégalité tout-à-fait monstrueuse de ces résultats s’explique quand on réfléchit que notre tarif de douanes a été combiné en vue,