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une réserve énergique pour le cas de guerre, en augmentant le nombre de nos matelots. Que la leçon de 1840 ne soit pas perdue pour nous. En travaillant, pendant les années de paix qui nous restent encore, à développer la richesse nationale, n’oublions pas que la France doit se préparer à toutes les éventualités, et que la situation de l’Europe lui commande de rester l’arme au bras.

Le gouvernement et les chambres pourraient mettre encore à profit l’intervalle pacifique pour reprendre le projet trop vite et trop longtemps interrompu de rembourser notre dette en 5 pour 100 et en 4 1/2 pour 100. Cette mesure, que l’état du crédit rend désormais inévitable, aurait pour effet de réaliser, sur la masse de nos dépenses, une économie qui ne serait pas à dédaigner. Mais le principal avantage de l’opération consisterait à mettre le taux nominal du crédit public dans un rapport plus exact avec son taux réel, et à changer ainsi en France l’étalon de la valeur. On rendrait à l’état la faculté d’emprunter, qui se trouve aujourd’hui paralysée dans ses mains ; la conversion des rentes, combinée avec la réforme de notre système hypothécaire, déterminerait, dans toutes les transactions, la baisse du loyer des capitaux.

M. d’Audiffet[1] a démontré sans peine que le remboursement, ou plutôt la conversion du 5 pour 100 ne pouvait pas rencontrer d’obstacles sérieux en France. Sur 134 millions de rentes 5 pour 100, non rachetées, 95 millions seulement sont la propriété individuelle

  1. Voici la classification que M. d’Audiffret établit des rentes 5 pour 100, d’après les documens officiels, dans son Système financier de la France :

    « Les rentes 5 pour 100 s’élèvent à 
    147,110,461 fr.
    Sur cette somme, les rentes rachetées s’élèvent à 
    12,510,978
    Il reste à convertir 
    134,569,483 fr.
    Cette somme comprend des rentes appartenant à des services publics dont l’état recueille les produits et auxquels il fournit des subventions, savoir 
    17,906,000 fr.
    Montant de la dette, produisant une réduction profitable au trésor 
    116,663,483 fr.
    Sur cette somme, les établissemens publics, tant à Paris que dans les départemens, possèdent 
    21,335,000
    Reste donc, pour les rentes appartenant aux particuliers, tant étrangers que régnicoles, une somme de 
    95,328,000 fr. »

    Le budget de 1843 présente un autre calcul ; il divise les rentes 5 pour 100 en rentes immobilisées et en rentes mobilisées, les premières s’élevant à 45,419,635 fr. et les secondes à 101,621,353 fr.