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taux de 4 1/2 pour cent, le supplément de capital qui serait nécessaire, on trouverait sans beaucoup de difficulté des compagnies disposées à entreprendre les lignes de Paris à Châlons-sur-Saône et de Paris à Bordeaux. Ce serait exonérer le trésor d’une charge éventuelle de 200 à 250 millions, et créer en outre, pour la richesse disponible, ce qui manque le plus en France, un placement certain.

L’exécution des chemins de fer peut fournir de plus les moyens de maintenir ou plutôt de rétablir nos forces militaires sur un pied respectable, et de les mettre en rapport avec notre situation. Aux termes du budget de la guerre, que M. le maréchal Soult propose pour 1844, l’armée se trouverait réduite à 344,000 hommes et à 84,000 chevaux ; elle se composerait de 284,000 hommes pour les divisions de l’intérieur, et de 60,000 pour l’Algérie ; elle coûterait 306 millions. Le ministre ne dissimule pas que cet effectif est insuffisant, même pour une époque de paix ; car il évalue à 306,000 hommes les forces indispensables à l’intérieur, et à 60,000 les forces nécessaires à l’occupation d’Alger. Cette évaluation s’éloigne peu de celle que M. le maréchal Soult présentait, pour la période pacifique, dans le budget de 1842 qui fixait à 370,000 hommes et à 76,000 chevaux le minimum de l’armée. La dépense, même en tenant compte des supplémens de crédit qu’exige la guerre d’Afrique, ne devait pas s’élever à plus de 320 millions.

Le chiffre de 370 à 380,000 hommes est celui que nous voudrions voir prendre pour base dans la fixation de l’effectif. Une armée de 380,000 hommes, s’appuyant à l’intérieur sur une forte réserve et dans l’Algérie sur un vaste et vigoureux système de colonisation rendrait à la France, pour peu que son gouvernement fût prudent et résolu, l’ascendant qu’elle a perdu depuis ces dernières années. Mais il ne faut pas que l’armée reste oisive ni improductive. Ce n’est pas pour étaler, dans les garnisons de l’intérieur, des parades stériles que la France confie chaque année à l’état 80,000 hommes, la cinquième partie et les hommes les plus robustes de chaque génération. L’armée doit être une grande école de civilisation et de travail, aussi bien qu’un moyen de défense. Les écoles, les camps d’exercice, les travaux publics, voilà l’éducation qu’il faut donner à cette jeunesse militante. L’oisiveté des garnisons n’est pas moins funeste à la santé qu’à l’intelligence et à la moralité des soldats.

M. le ministre de la guerre porte, au budget de 1844, une somme de 840,000 francs, supplément de crédit qui permettra de réunir 33,000 hommes en camp de manœuvres et d’opérations pendant