Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 1.djvu/1043

Cette page a été validée par deux contributeurs.
1037
SITUATION FINANCIÈRE DE LA FRANCE.

deux budgets, provient d’une augmentation de dépenses de 496 millions atténuée par une diminution de 116 millions.

Cette réduction se décompose ainsi qu’il suit : annulation des rentes rachetées, 36 millions ; diminution de la dette viagère, 13 millions ; réduction de la liste civile et de la subvention accordée à la Légion-d’Honneur, 21 millions ; réduction de dépenses résultant de l’achèvement ou de la suppression de plusieurs services, et notamment de la garde royale, 24 millions ; économies réalisées sur les dépenses de personnel et de matériel, 18 millions. Ainsi, par le fait de la révolution de juillet, une économie de 116 millions a été obtenue dans les dépenses, et les besoins du budget, tel que la restauration l’avait fixé pour l’année 1830, se sont trouvés réduits de 972 à 856 millions. Le gouvernement a donc créé, depuis 1830, pour 496 millions de dépenses nouvelles, et même pour 542 millions, si l’on ajoute aux prévisions du budget de 1841 les 46 millions de crédits supplémentaires que prévoit M. le ministre des finances dans l’exposé qui précède le budget de 1844. En admettant ces calculs, les dépenses se seraient accrues, depuis 1830, d’environ 42 millions par année.

Une partie de cet accroissement est purement temporaire, nous voulons parler des dépenses qui ont pour objet l’achèvement de nos voies de communication et le matériel de nos arsenaux ; d’autres allocations résultent de la nécessité de tenir dans un état plus imposant la force défensive et offensive qui fait la sécurité du pays. Le reste représente les fautes et les fantaisies de l’administration.

La restauration avait désarmé la France et avait pour ainsi dire laissé son territoire en friche ; l’armée se trouvait réduite à 224,000 hommes et à 46,000 chevaux ; nos armemens maritimes étaient représentés par 128 bâtimens de guerre et de transport, parmi lesquels on comptait un seul vaisseau de ligne et que montaient à peine 13,000 matelots ; les places fortes et le matériel des arsenaux, étaient dans le plus déplorable abandon. Même négligence pour les travaux qui intéressent la viabilité du sol : les routes se dégradaient d’année en année, les rivières et les ports restaient à l’état de nature, le budget des ponts-et-chaussées s’élevait à un peu moins de 34 millions ; il est aujourd’hui de 53 millions. En 1821 et 1822, la restauration, tardivement émue de notre infériorité sur ce point, entreprit six cents lieues de canaux dont le plan fut conçu sans beaucoup de discernement et l’exécution conduite avec bien peu de vigueur. Aujourd’hui, l’on ne saurait évaluer à moins d’un milliard les sommes qui ont été