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que la progression du revenu public, qui n’a pas même été arrêtée par les évènemens de 1840, continuera à suivre son cours, et que les recettes de 1844 excéderont d’au moins 140 millions celles de 1842. Ainsi, l’exercice 1844 se solderait par un déficit de 20 millions qui, ajoutés au découvert des années précédentes, le porteraient à 250 millions. La situation du trésor et celle du pays n’en seraient pas sensiblement modifiées.

Ce qui nous alarme dans ce résultat, c’est moins un déficit de 20 millions, c’est moins le budget de 1844 lui-même, que les erremens financiers dont il est la conséquence, et qui, présentés d’abord comme le produit de circonstances exceptionnelles, tendent à devenir un état de choses permanent ; c’est que l’on régularise le désordre, au lieu d’y mettre un terme ; c’est que, malgré l’accroissement prodigieux et continu du revenu public, l’on ne soit pas encore parvenu à rétablir l’équilibre entre les dépenses et les recettes ; c’est enfin qu’au milieu de ce luxe inoui d’allocations, qui élève le budget ordinaire à 1,300 millions, il ne soit pourvu que d’une manière insuffisante aux services les plus essentiels.

1830 — 1843

Le gouvernement a compris que cette élévation des dépenses le rendait suspect, aux yeux de la France, de dissipation et de prodigalité. Il a voulu aller au-devant des reproches, et, dans l’espoir de prouver que l’accroissement du budget avait été amené, non point par des fantaisies stériles, mais, comme le dit M. le ministre des finances, par les besoins d’une civilisation avancée, il a fait distribuer aux chambres un état de comparaison entre le budget de 1843 et celui de 1830, et, pour tout dire, entre l’administration actuelle et l’administration des Bourbons. Les rapprochemens auxquels on se livre dans ce tableau ont un grand intérêt de curiosité ; ils présentent, en quelque sorte, le bilan des améliorations et des charges que la révolution de 1830 a apportées au pays. Mais, en prenant acte des améliorations, nous sommes loin de considérer toutes les charges comme également nécessaires, et nous n’acceptons que sous bénéfice d’inventaire les tableaux que le ministère a dressés. En voici le résumé.