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commission de la chambre des députés, en y comprenant un prêt de 22 millions aux compagnies de Rouen et du Hâvre, évaluait la dépense à 497 millions, et qui coûtera certainement 2 à 300 millions de plus, en supposant même que l’état n’ait pas à fournir ni à poser la voie de fer, mais en vue duquel les chambres n’ont voté jusqu’à présent que 148 millions principalement applicables à des tronçons.

En réunissant les conséquences des votes de 1841 et de 1842, on trouve que le trésor aurait à pourvoir, par les seules ressources du crédit, à une dépense en partie consommée, en partie prochaine, de 645 millions (nous admettons pour le moment, comme on voit, que le concours de l’état à l’exécution des grandes lignes de chemin de fer n’ira pas au-delà des 148 millions déjà votés). Pour faire face à cette difficulté de 645 millions, le gouvernement a été autorisé à emprunter, par une émission de rentes, 450 millions. Un emprunt aussi énorme fût-il aujourd’hui réalisé ou réalisable, le système du ministère laisserait encore, au compte de la dette flottante, une surcharge de 195 millions. Mais on sait que le précédent ministre des finances n’a émis, en octobre 1841, qu’une fraction de l’emprunt, et qu’il en reste encore 300 millions à placer ; en sorte que, provisoirement du moins, la dette flottante est appelée à supporter la plus forte part des dépenses que doivent entraîner les travaux extraordinaires et la construction des chemins de fer.

Il y a plus ; on peut raisonnablement prévoir telles circonstances dans lesquelles l’émission des deux dernières séries de l’emprunt deviendrait très difficile, et où la surcharge résultant pour la dette flottante des lois du 25 juin 1841 et du 11 juin 1842 ne resterait pas par conséquent au-dessous de 495 millions. C’est là, dans notre pensée, le danger le plus sérieux de la situation, et celui qu’il importe d’envisager de très près.

CRÉDIT.

L’emprunt de 1841 est le premier que l’on ait contracté en France, en 3 pour 100, à un taux relativement aussi élevé. La nouveauté de l’opération, le moment qui fut choisi pour la tenter, le fractionnement de l’emprunt en plusieurs séries, tout, jusqu’aux taux de l’adjudication, devait provoquer la controverse. Le ministre des finances lui-même, M. Humann, voulut y prendre part, et voici dans quels termes il essayait de justifier, en présentant le budget de 1843, la combinaison à laquelle il s’était arrêté.