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SITUATION FINANCIÈRE DE LA FRANCE.

finances a introduites dans les documens qu’elle livre aux investigations du public.

BILAN.

Notre situation financière se compose de trois élémens : les dépenses et les recettes ordinaires, les travaux extraordinaires et les moyens de crédit destinés à y faire face, enfin la dette flottante qui comprend tous les engagemens à terme du trésor.

Grace au merveilleux accroissement du revenu public, accroissement qui, dans la seule année 1842, a dépassé de 68 millions les évaluations du budget, le découvert des trois années 1840, 1841 et 1842 se trouve réduit à 315 millions[1], et à 248 si l’on en défalque une somme égale aux réserves de l’amortissement. Pour l’année 1843, M. le ministre des finances annonce un découvert spécial de 52 millions qui reporterait le déficit à 300 millions ; mais, en y appliquant les réserves qui seront probablement disponibles à la fin de 1843, pour une somme de 69,500,000 fr., on le ramène au chiffre de 230 millions.

230 millions, voilà l’excédant probable des dépenses sur les recettes au 31 décembre 1843 ; tels sont les résultats accumulés des quatre exercices, le bilan d’une situation qui n’est ni la guerre ni la paix, et qui mène peut-être plus sûrement à la guerre qu’à la paix. Pour combler ce déficit, il ne faudra rien moins que l’emploi des réserves de l’amortissement pendant les années 1844, 1845 et 1846 ; et l’époque de notre libération se trouvera nécessairement reculée, si le budget ordinaire de 1844 présente, comme il est déjà permis de le prévoir, un nouveau déficit de 50 à 60 millions.

Passons maintenant au budget de l’extraordinaire, à celui dont les moyens de crédit, dans le plan du ministère, doivent faire tous les frais. La loi du 25 juin 1841 a ouvert, en les partageant par allocations annuelles, des crédits qui s’élèvent à 496,821,400 francs, et qui ont pour objets l’achèvement des routes, des canaux et des ports, la construction ou la réparation des places fortes, l’extension de nos grands ports militaires, ainsi que les approvisionnemens de nos arsenaux. Deux lois, en date du 11 juin 1842, ont mis en outre à la charge du trésor l’établissement d’un grand réseau de chemins de fer dont la

  1. Savoir : déficit de 1840 
    138,094,539 fr.
    315.709.081 fr.
    1841 
    24,500,570
    1842 
    153,103,972

    Voir la page 10 du budget de 1844.