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LES ARTS EN ANGLETERRE.

religieux du style pointu (pointed style) que dans les maisons particulières en carton brique, ou dans ces villa couronnées de créneaux et flanquées de bastions et de tourelles du genre crénelé (castellated style). M. Bulwer a fort bien dit en raillant que tous ces édifices mesquins qui bordent les énormes rues de Londres, et qu’on croirait tous coupés par le milieu, semblent consacrés à saint Denis après sa décapitation. Cette critique peut être juste, mais que répondre aux architectes qui rejettent ce défaut de proportion si choquant sur le vice et la pauvreté des matériaux ? « Vous voulez ajouter un attique à votre jolie maison à colonnes, disait l’un d’eux, je le veux bien, mais je ne puis plus répondre de la solidité : d’un jour à l’autre, la maison pourra crouler. »

Londres est peut-être la ville où l’on a le plus bâti depuis un quart de siècle, et où, proportion gardée, on ait fait le moins de grandes choses. Nous verrons si, à l’aide du million sterling qui lui a été alloué, M. Barry, l’architecte du nouveau palais du parlement, mènera sa grande entreprise à une noble et heureuse fin. Nous verrons si, comme ses compatriotes se plaisent à le croire, il saura réunir, dans ce monument national par excellence, ces conditions de convenance, de solidité et d’élégance auxquelles ses confrères de Londres ont dû renoncer de gré ou de force. Nous devons le reconnaître, les plans que nous avons été à même d’examiner sont d’assez favorable augure. M. Barry a sagement renoncé à ce faux style grec si mal à propos introduit en Angleterre par le fameux Stuart. Il s’est, avant tout, inspiré des monumens nationaux depuis le temps des Saxons jusqu’au XVIe siècle, et il a tenté assez heureusement d’allier la légèreté du gothique à la solidité et à la régularité florentine. Sans rentrer absolument dans le vieux style anglais dit des Tudors, M. Barry, on le voit, à l’exemple de quelques-uns des architectes d’Édimbourg, a abandonné les erremens de l’école moderne pour reprendre la tradition de l’art où Inigo Jones et les grands architectes du XVIe siècle l’avaient laissée. La principale façade du nouveau palais du parlement doit regarder la Tamise, et n’aura pas moins de douze cents pieds de développement. Nous craignons que M. Barry n’ait adopté pour cette partie de l’édifice des divisions par trop symétriques, et qu’il n’en résulte une sorte d’uniformité peu compatible avec le caractère de l’architecture du monument. Les faces latérales et la façade découpée qui regarde Westminster nous semblent rentrer davantage dans les conditions du style gothique. L’édifice de-