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tion de la sculpture polychrôme des Grecs. Ces statues, au nombre de quatorze, sont toutes l’œuvre du célèbre sculpteur de Munich L. Schwanthaler.

Mais c’est surtout dans la riche décoration des trois frontons du plafond que l’architecte a déployé les ressources de son imagination, abreuvée aux sources du parnasse scandinave. Tous les motifs en sont puisés dans cette mythologie, qu’on peut croire commune aux diverses tribus germaniques, bien qu’à cet égard, comme sous le rapport de la langue, il faille admettre une supposition qui ne laisse pas d’offrir plus d’une difficulté à la critique. Quoi qu’il en soit, et sans entrer ici dans une discussion qui ne serait pas à sa place, voyons ce que l’artiste a tiré des anciennes croyances mythologiques du Nord, pour en faire l’ornement de sa Walhalla. Le fronton le plus élevé offre, pour figure principale, celle du géant Imer, qui naquit, suivant la fable scandinave, des gouttes des glaçons fondus au souffle du vent chaud de Musspelheim, tempéré par la nuée froide de Nifelheim. Des épaules de ce géant s’élancent le premier couple humain, Askur et Embla, et ses extrémités se déroulent en feuillages. À droite et à gauche de cette figure principale sont représentés le dominateur de Musspelheim, Surtur, le dieu du soleil, du feu, de la lumière et de la chaleur, et la terrible souveraine de Nifelheim, Hela, la déesse de la nuit et de l’autre monde : c’est l’image de la création, telle que l’avait conçue l’ancienne cosmogonie des peuples du Nord. Des branches de frêne et d’aune, en rapport avec les noms du premier homme et de la première femme, complètent, dans les angles du fronton, cette décoration exécutée dans le style grec, mais d’après des motifs purement germaniques.

Le second fronton présente sous un édicule, image abrégée d’Asgard, l’olympe scandinave, les deux puissans dieux de cet olympe, Odin, armé de sa lance Gungner, et Frigga, portant sa quenouille d’or, l’un et l’autre debout près du trône Lidskjalf, qui réunit ce couple divin. À droite de Frigga s’élance le dieu de la guerre, Thor, avec sa redoutable hache de bataille, dont il vient de briser une enseigne romaine ; plus loin se montre assis, dans une attitude méditative, le jeune et beau Baldar, le dieu de l’éloquence, ce puissant organe de la paix chez les peuples d’une civilisation primitive. En face de ces deux figures, et à la droite d’Odin, apparaissent Braga, le dieu de la sagesse et de la poésie, et sa belle compagne Iduna, la déesse qui remplissait dans l’olympe scandinave les fonctions de l’Hébé de l’olympe grec, en offrant aux héros admis dans la Walhalla