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toute la corporation, l’approvisionnement de Paris pendant trente-un jours environ ; le prix du pain est taxé tous les quinze jours par le préfet de police, sur l’avis d’une commission ad hoc, d’après les mercuriales des ventes de farines opérées dans la quinzaine précédente.

Malgré le privilége accordé à ces deux corporations, le respect de l’administration pour la liberté de concurrence est tel qu’elle autorise les marchands forains à apporter à Paris des viandes et du pain qui sont vendus dans certains marchés ou directement au consommateur ; le même scrupule fait également permettre plusieurs fois par semaine aux cultivateurs des environs de venir eux-mêmes, dans les marchés, vendre leurs fruits et légumes, à côté et en concurrence des marchands sédentaires.

C’est ainsi que la police administrative pourvoit à la subsistance de Paris : son intervention est d’autant plus efficace, qu’elle se fait moins apercevoir et se borne à laisser à l’intérêt privé tout son ressort, en l’arrêtant seulement dans ses écarts. L’ensemble de ces mesures produit les plus heureux résultats ; cependant plusieurs imperfections doivent être signalées.

Les besoins de la population réclament l’agrandissement des marchés ou l’augmentation de leur nombre. Les halles du centre sont insuffisantes ; elles ne répondent point au mouvement d’affaires qui s’y fait ; les rues environnantes, envahies, encombrées, ne fournissent qu’une ressource incommode, et la police n’y peut empêcher d’inévitables embarras. D’autres marchés d’approvisionnement devraient être établis sur divers points ; les chemins de fer, en changeant le mode des arrivages, en donnant au transport des denrées d’immenses et nouvelles facilités, amèneront forcément cette dissémination, commandée d’ailleurs par les progrès de la population et l’extension du territoire de Paris. Les abattoirs destinés aux porcs n’appartiennent point à la ville, elle doit en créer. Le commerce des cuirs réclame impérieusement la construction d’une halle ; celle qui sert à la vente des beurres est trop étroite. Ces diverses nécessités sont reconnues, mais des difficultés de plusieurs genres ont arrêté le conseil municipal ; il saura certainement les vaincre avec la fermeté dont il a déjà donné tant de preuves.

D’après la législation municipale, les taxes perçues dans les marchés constituent une partie du revenu des villes. De cette disposition résulte le droit de s’opposer à toute perception de ce genre au profit des particuliers. La loi d’attributions qui se prépare pour