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caisse de Poissy, caisse déjà vieille, et dont la longue et utile gestion fournit la plus puissante démonstration de l’utilité de ces institutions de crédit ; l’expéditeur, dégagé de tout souci, nanti de la valeur qui représente ses produits vendus, peut immédiatement regagner son domicile. L’approvisionnement en bestiaux se fait encore à la Chapelle et, dans Paris, aux Bernardins et à la Halle-aux-Veaux, marchés moins considérables qui se tiennent à des jours différens. Les porcs sont amenés à Saint-Germain, à la Chapelle, à la Maison-Blanche, la volaille au marché de la Vallée.

La nuit, pendant que Paris repose encore, des charrettes pesantes traversent ses longues rues pour se rendre au marché des Innocens, où se fait l’approvisionnement des fruits et légumes ; tous les cultivateurs des environs viennent y verser la récolte de leurs champs, fertilisés par de si intelligens travaux. Quelques heures suffisent à l’achat de ces innombrables produits, et la journée n’est pas commencée que déjà la provision de toute la population est assurée.

Le beurre et les œufs, commerce immense, ont un marché spécial ; les farines et les blés sont déposés à la halle aux grains ; la marée, les huîtres, expédiées en poste des ports de la Manche et de l’Océan ; le poisson d’eau douce, le fromage, se partagent des espaces distincts où chacune de ces denrées est déposée, classée, répartie avec autant d’ordre que de promptitude.

L’administration ne perd jamais de vue les expéditeurs, et elle leur offre dans ses combinaisons ingénieuses et protectrices des satisfactions si complètes, qu’ils préfèrent partout l’emploi des ressources qu’elle procure, malgré les charges qu’ils entraînent, à l’usage d’une liberté oisive et stérile. Sur la plupart des marchés d’approvisionnement sont établis des facteurs destinés à servir d’intermédiaires entre les vendeurs et les acheteurs, dispensant les premiers des frais de voyage et de location, offrant aux autres la faculté du choix et à tous les plus complètes garanties de loyauté ; ils servent de courtiers officiels, de commissionnaires administratifs, et se chargent de toutes les ventes moyennant une légère remise. Le prix est versé comptant dans une caisse qui paie sur-le-champ le vendeur ; une surveillance constante, une comptabilité sévère, préviennent tout abus. Certaines denrées, dont l’écoulement ne peut être ajourné, sont vendues à la criée par les facteurs ; ce mode est appliqué à la marée, au poisson d’eau douce et au beurre. Les approvisionneurs, au lieu d’expédier directement leurs produits à des acheteurs ou de les vendre eux-mêmes, s’empressent à l’envi d’employer le facteur, légalement res-