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rieur, les ateliers de travail sont soumis à une discipline sévère ; mais la règle du silence n’y est point encore observée, et l’emprisonnement cellulaire de nuit n’est établi que dans le quartier des jeunes filles.

C’est surtout dans la maison des jeunes détenus qu’ont été faites des expériences du plus haut intérêt. Le système cellulaire a été appliqué le jour aussi bien que la nuit, et a pu se concilier avec l’instruction, les exercices religieux et les exigences des travaux manuels ; il n’a exercé aucune influence fâcheuse ni sur la santé, ni sur le moral des détenus. Plusieurs rapports publiés dans ces dernières années attestent les succès obtenus par ce régime spécial, et le gouvernement a récemment érigé cette prison en maison centrale sous le titre de Maison centrale d’éducation correctionnelle. L’état subvient à ses dépenses, mais elle est restée sous l’administration de la préfecture de police. Le préfet a encouragé et aidé de son appui constant la société bienfaisante créée volontairement pour donner des patrons aux jeunes détenus mis en liberté, et qui a concouru, avec les soins de l’administration, à diminuer dans une proportion notable le nombre des récidives.

Le préfet de police administre aussi le dépôt de mendicité du département de la Seine, fondé à Villers-Cotterets, et qui sert d’asile à 7 à 800 vieillards des deux sexes. Cet établissement est tenu avec autant d’ordre que d’économie : les détenus y sont logés, nourris, vêtus, chauffés, soignés dans leurs maladies, pour la somme modique de 50 à 55 centimes par jour, et le régime est excellent ; ils y jouissent même de la liberté personnelle, car, à tour de rôle, ils ont la permission de sortir de l’établissement pour se livrer au travail ou simplement à la promenade.

L’autorité conférée au préfet de police sur les prisons lui permet de contribuer efficacement à la solution des problèmes posés par la science, et de choisir avec certitude les applications les plus sages et les plus vraies. Investi d’une autorité qui s’étend sur une population moyenne de 5,000 détenus, il peut exercer une influence marquée sur les mœurs publiques et la sécurité de la capitale, et déployer au profit commun non cette philantropie bâtarde et inintelligente qui flatte les prévenus et leur rend la prison préférable à leur propre demeure, mais cette discipline humaine, quoique rigoureuse, énergique, bienveillante quoique inflexible, qui fait apparaître aux yeux du détenu la justice sociale comme l’austère et impartiale gardienne de la morale et de l’ordre.