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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 novembre 1842.


La politique tourne dans un cercle dont elle ne pourra sortir avant l’ouverture des chambres. Il n’est, en réalité, que deux questions importantes, vivaces, et qui captivent quelque peu l’attention publique, l’union belge et le droit de visite. Toute autre discussion est aujourd’hui purement spéculative ; le pays n’y prend aucun intérêt.

Pour le droit de visite, ce que nous avions prévu, ce qui était facile à prévoir, est arrivé. Le protocole a été fermé. La France demeure complètement étrangère au traité de 1841 ; c’est une convention qui est non-avenue pour nous. Néanmoins le ministère ne saurait se flatter de voir la question du droit de visite disparaître du programme de la session. Selon toute apparence, c’est au contraire sur cette question que vont se concentrer les efforts de l’opposition, de l’opposition proprement dite et de tous ses auxiliaires. Il faut le reconnaître, le terrain est bien choisi. C’est une de ces questions délicates et complexes dont peut tirer un grand parti l’orateur qui attaque et qui n’a aucun ménagement à garder. Il est facile de la présenter sous les jours les plus opposés, facile de la montrer sous des proportions gigantesques ; on peut essayer de tout remuer en la traitant, les intérêts, les sentimens, les susceptibilités du pays. Les défenseurs des traités de 1831 et 1833 n’auront pas la même liberté de discussion. Par la nature de la question et par leur situation politique, ils devront mettre beaucoup de réserve, beaucoup de mesure dans leurs paroles. Trop d’ardeur pour leur cause pourrait nuire au succès de la défense. La tâche est rude, lorsqu’il faut non-seulement repousser des argumens par des argumens, mais lutter avec des préoccupations d’esprit d’autant plus tenaces qu’elles sont honorables en soi et qu’elles se rattachent à un sentiment élevé et digne de tous nos respects.