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DE L’UNION COMMERCIALE.

car le commerce, on le sait, se compose d’échanges, et l’argent y figure comme signe, non comme valeur. Mais pour ceux qui aiment à toucher les choses du doigt, nous voulons montrer le progrès possible dans le progrès déjà réalisé.

C’est un fait déjà constaté dans ce travail que l’importation des marchandises françaises en Belgique est en voie constante d’accroissement. En huit années, l’augmentation a été de 38 pour 100. Admettons, sans aller plus loin, que l’union commerciale double cette progression ; avant huit ans, nos exportations en Belgique monteraient de 43 millions à 70. L’union accomplie, non-seulement la consommation des produits français de l’autre côté de la frontière étendra son propre terrain, mais elle empiétera aussi sur le terrain des provenances étrangères, étant protégée par les tarifs comme celle des produits nationaux. Ici la marge est belle. L’importation des produits français ne figurant dans l’importation générale de la Belgique que pour 43 millions sur 209, il nous reste à disputer une part dans les approvisionnemens qui excèdent cette somme, et qui représentent une valeur de 165 millions.

En Allemagne, l’effet de l’association prussienne a été de stimuler au même degré l’exportation étrangère et la production indigène[1], et rien ne prouve mieux la grandeur de cette conception. Nous croyons fermement que les conséquences de l’association franco-belge ne seront pas moins fécondes ; mais, en supposant qu’il fallût conquérir, sur les autres nations qui concourent à approvisionner la Belgique, ce que nous devons gagner à l’union commerciale, le résultat serait encore assez beau.

La chambre de commerce de Bordeaux, dans le mémoire auquel nous avons déjà fait allusion, pense que les manufacturiers et commerçans français remplaceraient l’Angleterre pour les tissus fins de coton consommés en Belgique ; la Bohême, pour la cristallerie et la verrerie fine ; l’Angleterre, pour les porcelaines et poteries fines ; les États-Unis, pour les huiles de pois-

    et manufactures demeuroient comme inutiles ; et, en ce faisant, le seigneur de la terre, frustré de son attente et espérance de pouvoir profiter de son bien, et les laboureurs et artisans de leur labeur et industrie. »

  1. L’accroissement des importations est démontré par celui du revenu qu’ont produit les douanes de l’association, revenu qui a presque doublé depuis 1834. Voici, d’après le Journal de Francfort, le tableau de cette progression :

    REVENU BRUT. REVENU NET.
    1834. 25,402,515 florins. 21,312,831 florins.
    1835. 29,015,240 24,901,023
    1836. 31,710,022 27,798,219
    1837. 30,970,268 27,054,832
    1838. 35,208,754 31,238,722
    1839. 35,996,601 »
    1840. 37,265,156 33,284,541
    1841. 45,853,787 34,887,500