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SIMPLES ESSAIS
D’HISTOIRE LITTÉRAIRE.

II.

La seconde famille des romanciers — i. — M. de Balzac.


Le roman est la forme la plus séduisante et la plus complète qu’un écrivain puisse donner à sa pensée. Il se prête à toutes les passions du cœur et à tous les caprices de l’esprit ; il admet le drame et la satire. Aussi tous les hommes qui ont eu un génie fécond et expansif, même ceux que la nature de leurs études et de leurs loisirs semblait le plus écarter du pays de la fiction, ont choisi le large cadre des conceptions romanesques pour y placer leurs observations railleuses ou leurs inspirations éloquentes. C’est dans un roman que Rabelais a déposé les fantaisies merveilleuses que faisaient éclore en son cerveau les propos d’ivrognes et les disputes de docteurs ; c’est dans un roman que Rousseau nous a laissé une partie des ardentes rêveries qu’inspiraient à son ame la contemplation solitaire des