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DE
LA LÉGISLATION ANGLAISE
SUR LES CÉRÉALES.

Pendant un mois entier, nous avons vu l’Angleterre agitée par une commotion générale. Les cités manufacturières étaient en pleine insurrection ; les ardens foyers de l’industrie versaient à pleins bords la révolte et l’anarchie ; des bandes de vingt à trente mille hommes parcouraient les villes et les grandes routes, frappant le travail de proscription, et emportant d’assaut les ateliers récalcitrans ; les mines jetaient sur les places publiques les flots de leur population souterraine, et ces hommes étrangers au soleil apparaissaient comme des barbares au milieu des villes étonnées.

Et cependant, au sein même de ce tumulte, le fond du pays restait calme et sans crainte. Cette étonnante société est si sûre et si fière de sa force, qu’elle met une sorte de vanité à ne pas se défendre. Le gouvernement a laissé pendant plusieurs semaines l’anarchie prendre possession des grandes villes, et quand enfin il a pu croire que la sécurité publique était sérieusement menacée, il a lancé sur les chemins de fer quelques-uns des canons de Woolwich, dont la seule apparition a suffi pour rétablir toutes les apparences de l’ordre.