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tation luxuriante. Cette antique flore ne ressemble guère à celle qui charme nos yeux ; point de ces plantes à lente croissance, à longue vie, aux organes compliqués : rien que des végétaux vasculaires, à l’organisation très simple, au rapide développement. Des prêles colossales, des fougères hautes comme nos plus grands arbres, quelques palmiers, voilà ce que produisent à cette heure les terres qui depuis sont devenues la France ou les États-Unis, le Groënland, ou la Nouvelle-Hollande. Ces espèces sont peu nombreuses : comment en serait-il autrement quand toutes les conditions d’existence sont identiques ? En revanche les individus se multiplient, croissent, meurent, et se remplacent avec une indicible rapidité. Dans ces appareils animés, la vie décompose des masses incalculables d’eau et d’acide carbonique. L’hydrogène, le carbone, sont retenus, et l’atmosphère purifiée gagne sans cesse en oxigène. À mesure que le règne végétal travaille à rendre possible l’apparition des animaux, ses débris accumulés s’entassent, s’étendent en couches puissantes. Vienne maintenant une révolution nouvelle qui ensevelisse ces vastes amas de combustible, bientôt métamorphosés en houille par la pression des couches superposées et la chaleur encore intense du globe : l’homme, ce souverain futur d’un monde qui n’existe pas encore, saura bien les retrouver ; il saura bien arracher des entrailles de la terre ces richesses que lui prépara l’enfance du monde, et un jour le génie de la science lira dans ces antiques dépôts l’histoire de ces âges primitifs, celui de l’industrie y puisera les moyens d’anéantir les distances et de dompter les élémens.

À la période géologique qui vit la formation des houilles, succèdent d’autres époques. Les îles s’agrandissent et deviennent des continens ; la surface du globe se peuple. D’abord apparaissent ces reptiles, monstres aux formes étranges, à la taille gigantesque, qui seuls semblent pouvoir supporter une atmosphère encore bien impure ; mais l’action incessante des végétaux, la précipitation d’immenses couches de roches calcaires, concourent au même but et accélèrent l’assainissement de la masse gazeuse. Les mammifères se montrent, les oiseaux, les insectes se jouent dans un air riche de principes vivifians. Quelque temps encore ces populations présentent des formes bizarres ou colossales, mais à chaque révolution nouvelle elles se rapprochent de ce qui existe de nos jours ; enfin, l’homme vient prendre possession de ses domaines et couronner l’œuvre de la création.

On nous accusera peut-être d’exagérer l’importance du rôle