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matériaux portent sur leurs faces intérieures des sculptures et des hiéroglyphes. La commission d’Égypte l’avait déjà remarqué ; elle supposait que les édifices dont les matériaux servirent à de nouvelles constructions avaient dû être ruinés par la vétusté. Mais quelle suite de siècles n’aurait-il pas fallu pour cela, puisque quarante ont laissé presque intacts les palais des Pharaons ? Là-dessus d’effrayans calculs sur l’âge de la civilisation égyptienne. Mais il est inutile de remonter à cette antiquité fabuleuse. L’invasion des pasteurs, qui eut lieu vers 2300 ans avant Jésus-Christ, eut pour effet, comme le dit Manéthon, de détruire ou de mutiler les édifices religieux de l’Égypte. C’est à cet évènement qu’on doit attribuer la destruction de ceux dont les matériaux ont été employés par les rois de la dix-huitième dynastie ; les cartouches hiéroglyphiques (contenant des noms de rois) gravés sur ces matériaux ne se retrouvent plus nulle part ailleurs, excepté dans un tombeau de Thèbes et dans les grottes sépulcrales de Psinaula. Ces monumens sont donc de l’époque où régnaient ces anciens Pharaons. Les sculptures nombreuses qui les décorent donnent une idée complète de l’état des arts et de la civilisation de l’Égypte à ces temps reculés dont la limite inférieure est le XXIIIe siècle avant Jésus-Christ. C’est à Nestor L’hôte qu’on doit les dessins qui feront passer sous nos yeux ces tableaux authentiques d’une civilisation si ancienne.

III.

Ce ne sont pas seulement les monumens d’architecture et de sculpture, les inscriptions hiéroglyphiques et les papyrus égyptiens, qui ont donné les moyens de connaître l’ancienne Égypte. Les inscriptions et les papyrus grecs ont fourni de précieuses informations sur son histoire depuis la conquête d’Alexandre. Les Lagides adoptèrent le culte et les usages de l’Égypte. Ils relevèrent les temples que Cambyse avait détruits, comme plusieurs siècles auparavant les Touth-Mosis et les Rhamsès avaient réparé les ruines faites par les Hyksos. Les Romains continuèrent cette politique sage et tolérante. Les Égyptiens, ce peuple architecte, purent donc, sous la domination grecque et sous la romaine, recommencer partout ces grandes constructions interrompues un moment sous les Perses. C’est encore ici un savant français, M. Letronne, qui a fait les plus belles découvertes.

Chacun sait les disputes dont les zodiaques égyptiens ont été