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de la pénitence par conséquent, dogme professé d’ailleurs plus ou moins explicitement par toutes les religions. On sait combien, dans le culte de Minerve surtout, la virginité était en honneur, et par quelle pompe gracieuse, par quels groupes de jeunes vierges portant des corbeilles mystiques, elle était représentée aux grandes processions des Panathénées. Ou ces choses n’ont aucun sens, ou elles ont une signification morale, et leur signification est la même que celle des mystères, dont les unes étaient l’expression cérémonielle, et les autres l’ascétisme, c’est-à-dire l’exercice, l’application réelle et active à la vie. La confession et l’absolution aux pieds du Koès, imposées à ceux qui voulaient être admis à la communion des initiés de Samothrace, font briller ce fait d’une nouvelle évidence ; c’était un engagement pris d’améliorer sa conduite. Enfin la communion, c’est-à-dire la manducation de la victime, le banquet sacré, symbole de l’union fraternelle des hommes en Dieu, nous révèle le dogme moral des anciens presque aussi clairement que nous pouvons le reconnaître aujourd’hui dans le christianisme ; car il y avait, principalement dans les fêtes de Bacchus, un rite qu’on appelait la créonomie, c’est-à-dire le partage qu’on faisait aux initiés de la chair des hosties. Le peuple s’incorporait ainsi la victime purifiée par la mort, et s’offrait avec elle à la divinité. Le culte d’Osiris présente également des indices de cette croyance ; mais ce qu’il y a de remarquable, et ce qui confirme l’universalité de cette grande pensée religieuse, c’est qu’on l’a retrouvée même chez les Mexicains. Il y avait, en l’honneur du dieu Vitzlipultzi, des rites semblables à ceux d’Adonis ; on faisait, avec de la pâte, une figure représentant le dieu qu’on adorait en se jetant de la poussière sur la tête en signe de deuil ; une procession de vestales l’accompagnait par la ville ; on l’élevait enfin au haut du temple au son des instrumens. Alors une partie de la pâte dont on avait fait la figure était distribuée aux fidèles, qui croyaient manger la chair du dieu[1]. Ces faits, pris dans des temps et dans des pays si divers, ne se fortifient-ils pas les uns les autres ? Et quand on voit partout la même idée présider à la religion, c’est-à-dire à la théorie de la vie sociale, n’est-on pas forcé d’en conclure la moralité de cette idée ? Est-il permis de croire encore que tant de nations civilisées aient commis le non-sens de fonder leur religion sur l’astronomie ?

  1. Antiquités mexicaines. — M. Lenoir, Religion mexicaine. — Le père Joseph Acosta, missionnaire.