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son rôle d’opposition qu’elle ne devait cependant pas tarder à reprendre, séduite dès l’abord par les proclamations énergiques de sir Henri et par l’annonce des dispositions vigoureuses qu’on assurait devoir prendre très prochainement, crut entrevoir dans un avenir peu éloigné la solution satisfaisante de toutes les difficultés qui entravaient le commerce anglais. Ces espérances ne furent cependant pas partagées par tout le monde. Les personnes qui avaient fait une étude spéciale du caractère chinois doutèrent encore du succès ; celles surtout qui réfléchissaient aux obstacles que présentaient les circonstances locales, et à la situation toute particulière de l’Angleterre vis-à-vis de la Chine, conservèrent leurs inquiétudes et presque leur découragement.

Cependant tout semblait annoncer que le gouvernement anglais avait modifié ses plans en changeant ses agens. Dès son arrivée, sir Henri, revêtu du titre de seul plénipotentiaire et ministre extraordinaire à la cour de Pékin, et chargé en même temps de remplir les fonctions de premier surintendant du commerce anglais en Chine, donna la publicité de la presse aux documens royaux et ministériels qui l’accréditaient. Le 12 du mois d’août, c’est-à-dire deux jours après son arrivée, il fit connaître par les journaux la ligne de conduite qu’il se proposait de suivre. Ce document étant en quelque sorte la préface des actes de sir Henri, je crois devoir en donner ici la traduction ; nous verrons plus tard si le nouveau plénipotentiaire ne s’était pas un peu trompé sur les hommes et les choses de la Chine, et s’il ne fut pas entraîné, comme son prédécesseur, par des circonstances qu’il n’avait pas entièrement prévues, vers ce système de procrastination qu’on avait tant reproché au capitaine Elliot. Du reste, la proclamation de sir Henri Pottinger est telle qu’on devait l’attendre d’un homme aussi connu par son énergie et l’habileté qu’il avait montrée naguère dans les transactions diplomatiques du Sindy et du Coutch. J’ajouterai que, dans l’exécution de son mandat, sir Henri n’a pas commis de fautes ; il a fait tout ce qu’il devait et pouvait faire, et les reproches que la presse anglaise de Macao lui fait aujourd’hui sont bien moins fondés encore que ceux qu’elle adressait naguère si injustement à M. Elliot. Je le répète, les fautes sont bien plutôt dans la situation que dans les hommes chargés des intérêts de l’Angleterre.

Voici la proclamation de sir H. Pottinger :

« En prenant possession de sa charge de seul plénipotentiaire de sa majesté, de ministre plénipotentiaire et de surintendant en chef du commerce anglais en Chine, sir H. Pottinger croit convenable et nécessaire de faire publiquement savoir qu’il entre dans l’exercice de ses importantes fonctions avec le plus vif désir de consulter les vœux et d’augmenter la prospérité et le bien-être de tous les sujets de sa majesté, ainsi que des autres étrangers résidant dans une partie quelconque des domaines de l’empereur de la Chine, et de pourvoir à leur sûreté, autant que les intérêts de ces mêmes étrangers pourront être affectés par les dispositions qu’il sera dans le cas de prendre. Il déclare qu’il sera dispensé et prêt, dans tous les temps et dans