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nètre le globe, tels sont, en résumé, quelques-uns des points sur lesquels M. Arago s’est laissé prendre en défaut par son habile adversaire.

Maintenant que le puits de Grenelle donne des eaux jaillissantes, il est peu probable qu’il soit désormais permis d’observer la chaleur du globe dans cette longue colonne fluide ramenée à l’état de repos où nous l’avons vue. Le jet liquide ne peut, par sa température de 27 degrés, que faire connaître l’ensemble de toutes les actions calorifiques de tous les points du canal souterrain plus ou moins large par lequel nous arrivent les eaux ; or, cette indication, qu’on ne confondra pas avec la température du fond du puits, ne saurait remplacer les observations qu’on aurait dû faire avant le jaillissement.

Avouons-le donc en toute humilité, quelque peu flatteur que soit cet aveu pour l’amour-propre national, les directeurs du forage de Grenelle n’ont su traiter convenablement ni la question industrielle ni la question de physique qu’ils avaient si intrépidement abordées. S’ils ont voulu faire une expérience de physique, cette expérience, fort chère, a été mal dirigée et n’a rien appris de nouveau. S’ils ont voulu, comme ils l’affirment sans cesse, doter la ville de Paris d’un immense appareil hydraulique, et faire un excellent placement d’argent, pour voir comment ils ont réussi, on n’a qu’à aller visiter le puits de Grenelle. Nous l’avons déjà dit, la dépense nécessaire pour enlever les boues que vomit ce puits représente un capital supérieur à ce que coûterait une machine hydraulique destinée à tirer de la Seine une masse d’eau supérieure à celle qui surgit à Grenelle. Et cependant il ne faut pas se décourager. Les puits artésiens offrent de nombreux avantages dont la science et l’industrie sauront tirer parti : on les emploie déjà pour les mines, pour le desséchement des marais, dans les manufactures. Bientôt l’Algérie réclamera des puits forés. Il est donc nécessaire d’encourager les progrès de cet art difficile. Les ingénieurs habiles ne manquent pas chez nous. Si la ville de Paris se décide à faire exécuter un nouveau sondage, il est à croire que nous serons plus heureux ; les hommes capables ne manqueront pas au conseil municipal ; il saura sans doute où les trouver.


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