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PUITS ARTÉSIENS.

Bien avant les expériences que je viens de rappeler, M. Cordier, l’ingénieur des mines, aujourd’hui membre de la chambre des pairs, avait réuni, dans un ouvrage remarquable, toutes les observations faites pour arriver au même but. En employant ces nombres conformément à la même théorie, on trouve également près de 26 mètres pour un degré. Tel serait donc le véritable chiffre de l’accroissement de la chaleur dans la masse solide de notre planète, s’il ne fallait en même temps tenir compte de l’action de l’air, qui, aussi bien que les eaux, pénètre dans l’écorce du globe et en modifie l’état.

En calculant cet effet aussi rigoureusement que possible, on trouve que, partout où l’air peut pénétrer, circuler librement, dans les mines à puits nombreux, dans les carrières, dans les caves les plus profondes, telles que celle de l’Observatoire de Paris, on trouve, dis-je, que l’air empêche la température de la terre de s’élever de plus d’un degré par 28 ou par 29 mètres. Partout, au contraire, où l’air n’a pas un libre accès, où il ne peut se mouvoir de manière à laver pour ainsi dire les couches terrestres, son action refroidissante sera nécessairement beaucoup moindre, et il ne faudra plus descendre de 28 ou 29 mètres pour observer un degré de plus en température. En pénétrant plus avant dans les entrailles de la terre, là où l’air s’introduit à peine, la progression sera évidemment plus rapide encore. Or, dans l’écorce terrestre où agit l’action réfrigérante incomplète de l’air, il faut descendre de 26 mètres environ, pour trouver un degré de plus ; donc le chiffre qui représente le véritable état de la masse du globe, le chiffre que recherchaient depuis si long-temps M. Arago et tous les physiciens qui s’occupent de la chaleur de la terre, serait inférieur à 26 mètres.

Le rapprochement que nous venons de faire entre l’ensemble des incomplètes observations de MM. Arago et Walferdin et la théorie si étendue, si précise, de M. Saigey, ne prouve que trop clairement qu’on n’a pas su tirer du forage de Grenelle le parti qu’on en attendait pour le progrès de la physique du globe. Absence de simultanéité dans les observations thermométriques faites à diverses profondeurs, mauvaise interprétation de ces observations, absence de tout calcul sur l’action perturbatrice des eaux, ignorance très pardonnable, puisqu’elle était générale, de l’action perturbatrice de l’air qui pé-

    que la chaleur s’élève, un transvasement, un déversement dans une poche en verre, d’une portion de plus en plus grande du mercure que contenait le thermomètre ; ce déversement indique le degré maximum de chaleur.