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L’échancrure correspond à la partie des côtes océaniques de la France qui s’étend de Cherbourg à Calais : ce sont les flots de l’Océan qui ont fait eux-mêmes cette brèche qu’ils creusent chaque jour, à cause du peu de consistance et des formes abruptes des falaises de la haute Normandie. Paris, chose remarquable, est pour ainsi dire situé au milieu du sol de la couche la plus centrale, de sorte que les points les plus bas, les fonds de chacune des cavités formées par les couches ainsi emboîtées, sont tous à peu près sous cette ville.

Pour simplifier cette description géologique et faire comprendre facilement le mouvement des eaux souterraines qui affluent de tant de points de la France vers le fond du puits de Grenelle, réunissons en groupes séparés les petites couches plus ou moins semblables qui entrent dans ce système.

Nous distinguerons d’abord, au milieu et supérieurement, une masse de terrains plus ou moins friables, remplis de ces débris d’ossemens d’animaux si communs dans la butte Montmartre, et qu’ont amenés les derniers cataclysmes dont cette contrée a été indubitablement le théâtre : c’est l’ensemble des terrains que les géologues appellent terrains d’alluvion et terrains tertiaires. Ce groupe n’a qu’une épaisseur de 50 mètres environ. Au-dessous est une masse de craie plus ou moins mêlée de sables, de cailloux, et, par le bas, d’un peu d’argile. Cette masse paraîtra très profonde si on ne considère que son épaisseur, qui, sous Paris, est de 400 mètres à peu près, mais elle semblera plus mince que la plus mince soucoupe, si on compare son épaisseur avec l’étendue de sa surface.

La masse capsulaire située plus bas est formée d’argiles et de marnes, peu perméables, comme chacun le sait, et qui s’opposent également au passage des eaux qui peuvent se trouver soit au-dessus soit au-dessous de cette couche. Nous rencontrons en traversant ces argiles une couche de sables verts très perméables, au contraire, aux masses liquides. Plus bas encore sont des couches plus denses, qui ne se laissent pas facilement pénétrer par les eaux mêlées aux sables verts. Ce sont d’abord les terrains qui renferment, entre autres richesses, les mines de plomb, de zinc, etc., et qu’on appelle oolitiques ; puis, au-dessous de ceux-ci, les terrains dits secondaires, où gisent les mines de houille et de sel. Enfin, tout cet ensemble repose sur des masses immenses de roches, tels que les granits de la Normandie.

Chacune des espèces de capsules concentriques que nous avons décrites, présentant ses bords au ciel, c’est l’ensemble de ces bords