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la corde quand on sait guider l’outil, moins bien avec une tige en bois à coulisse, moins bien encore avec une tige en fer à coulisse, très mal avec une tige en fer complètement rigide.

Maintenant que nous connaissons les principes généraux de l’art des sondages, et que nous savons quelles sont les difficultés que l’on rencontre dans ces sortes d’opérations, pour justifier l’utilité des forages poussés à une grande profondeur, pour expliquer le jaillissement au-dessus du sol des eaux amenées par quelques-uns de ces puits, il faut jeter un coup d’œil sur l’hydraulique souterraine.

En quelque état que les eaux se précipitent à la surface de la terre, sous forme de pluie, de neige, de brouillard, etc., elles y pénètrent en grande quantité, soit en traversant des couches poreuses, soit en s’introduisant dans les déchirures que les révolutions du globe ont faites dans les masses de terrains imperméables, comme les roches granitiques. Une certaine partie de ces eaux coule sous terre, dans des espèces de canaux plus ou moins larges, ou bien par une filtration lente dans les couches de sable et dans les autres terrains très poreux qui composent l’écorce du globe. Là elles forment le plus souvent des nappes immenses, emprisonnées qu’elles sont, pardessus et par-dessous, entre deux couches de terrains compactes, telles que les argiles ; une autre partie de ces eaux peut constituer des amas tranquilles dans des fonds sans issue formés par les terrains de roches dures ou d’argiles plus ou moins molles. Chaque région de la terre offre de nombreux exemples de ces divers états. Les peuples anciens connaissaient, comme nous, les lacs, les fleuves souterrains ; aussi, tous les auteurs qui ont traité de la géographie physique et spécialement des fontaines, ont-ils cité, les uns après les autres, ceux de ces exemples qui sont le plus remarquables.

Un fait assez commun en Europe prouverait à lui seul l’existence des courans souterrains. Je veux parler de la disparition de certains cours d’eau qui s’engouffrent dans des cavernes, ou dans des espèces d’entonnoirs cachés par les eaux elles-mêmes. C’est ainsi qu’en Belgique la Lys se perd à cinq lieues de Dinant sous une masse de rochers, et reparaît à un demi quart de lieue plus loin, après avoir traversé une série de couloirs resserrés et de chambres plus élevées dont l’ensemble forme la fameuse grotte de Han. La rivière de Poyk nous offre un autre exemple du même genre. Elle s’engouffre dans la caverne d’Adelsberg, en Illyrie, et ses eaux reparaissent dans les profondeurs de cette immense cavité, pour se perdre de nouveau et