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racontent ta gloire, ô Jéhovah ! » Et certes il n’est personne qui n’ait élevé ses pensées au-dessus des choses de la terre alors que, par une belle nuit d’été, les étoiles se détachent comme des diamans sur l’azur foncé de la voûte céleste, et nous dardent leur scintillante lumière. Il n’est personne qui, au lever du soleil, n’ait senti se réveiller en lui quelque chose de semblable à ce qu’éprouva le philosophe de Ferney, lorsqu’assistant pour la première fois à ce magique spectacle il fléchit le genou devant la majesté du Créateur, et laissa échapper ces paroles : « Mon Dieu, vous êtes grand ! Qui pourrait ne pas croire en vous ? » Cependant la contemplation des phénomènes célestes soulève peut-être, à côté du sentiment de l’admiration, des pensées moins réellement religieuses. Dans leurs mouvemens immuables, la fatalité semble se révéler à chaque pas, et de là cette croyance à l’astrologie, si répandue chez tant de nations éclairées. Les découvertes de la science moderne, en détruisant ce qu’il y avait de superstitieux dans ces applications de l’astronomie, n’ont peut-être que confirmé ce caractère général. On dirait que les lois admirables révélées par les Képler et les Newton nous montrent encore mieux la nécessité comme déterminant seule les mouvemens de ces mondes ; et qu’est-il besoin d’une intelligence supérieure pour régler ce qui est nécessaire ? Aussi trouvons-nous des noms glorieux en astronomie inscrits dans le dictionnaire des athées. Au contraire, celui qui étudie les êtres vivans se heurte à chaque instant contre un si grand nombre de faits inattendus, qu’il peut être tenté d’abord de croire au désordre. Mais, à mesure qu’il avance dans cette carrière où la nature revêt si souvent l’apparence du merveilleux, les lacunes se remplissent, les rapports se manifestent, les contrastes les plus choquans s’harmonisent, et si quelque fait vient encore froisser ses idées générales, si ses théories les plus rationnelles s’écroulent devant une réalité qu’il n’a pu prévoir, il n’en retrouve pas moins partout la trace de cette main toute sage et toute-puissante qui a répandu la vie à la surface de notre globe et réglé son développement. Aussi ne voyons-nous rien d’extraordinaire dans les cris d’adoration qui échappent à Linné dès le début de son immortel Système de la nature, et nous comprenons très bien qu’un illustre naturaliste ait commencé et fini l’un de ses derniers ouvrages par cette exclamation : « Gloire à Dieu ! »

Lorsqu’après une journée péniblement employée à fouiller les sables, à retourner des quartiers de roche, j’étais rentré à la ferme, et qu’un repas frugal avait réparé mes forces, je me préparais au