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REVUE. — CHRONIQUE.

primer à part en y ajoutant des réflexions sur le même sujet. Jamais principe n’a été défendu avec une sagacité plus pénétrante, avec une conviction plus profonde, ni avec plus de résolution. Esprit éminemment logique, M. de Cormenin doit accepter toutes les conséquences du principe qu’il expose avec une parole si vive, si éloquente, si incisive. « C’est un spectacle misérable et digne de pitié de voir Barcelone, Cadix, Valence, Burgos, Sarragosse, Bilbao, Malaga, lever à chaque secousse leurs têtes rivales, et constituer capricieusement des juntes insurrectionnelles, au lieu de s’unir à la métropole pour comprimer l’anarchie. » Et ailleurs : « Qu’est-ce qui frappe les yeux et l’esprit du peuple dans l’idée de Dieu ? c’est l’unité ; dans l’ordonnance du monde ? c’est l’unité ; dans l’institution d’une monarchie ? c’est l’unité. »

Il est si facile, en lisant l’écrit de M. de Cormenin, de se laisser aller au plaisir de le citer ! Le sujet qu’il a si bien traité est si important pour nous, pour nous qui faisons sur une si vaste échelle une expérience toute nouvelle dans le monde, l’essai de l’établissement d’un grand état unitaire sur la base de l’égalité civile ! La centralisation, c’est le seul lien avec lequel on puisse de nos innombrables élémens démocratiques former un ensemble, de toutes ces molécules faire un seul tout. Elle est, pour ainsi dire, le ciment des grands états démocratiques, de ces immenses édifices tout composés de petits cailloux.

En repoussant avec toute sa vigueur, avec sa logique acérée, les attaques que des esprits superficiels ou passionnés dirigent contre la centralisation, M. de Cormenin sert son pays, et j’ajouterai la monarchie. La centralisation et la monarchie sont deux idées qui, pour tout esprit sérieux, se traduisent l’une par l’autre, dans ce sens du moins que, s’il peut y avoir monarchie sans centralisation, il ne peut y avoir de centralisation forte, régulière et durable sans monarchie. Aussi, après tout et malgré tout, tenons-nous Timon pour l’homme le plus monarchique et le plus gouvernemental de France. Sincères admirateurs de son beau talent, nous avons plus d’une fois regretté que le docte publiciste ne se soit pas toujours placé, pour traiter les hautes questions de notre droit public, à cette hauteur où il lui appartient de se tenir, au-dessus de la région des passions politiques, région orageuse sans doute et bruyante, mais nullement élevée.

Nous ne rappellerons pas les débats, maintenant oubliés, qui ont eu lieu à la chambre des députés sur la question du recensement. Dans le sein de la chambre, ces discussions ne peuvent avoir qu’un seul résultat : c’est de faire que la majorité se tienne sur ses gardes et serre de plus en plus ses rangs autour du ministère. Ces discussions auront-elles une efficacité défavorable au cabinet dans le sein des colléges électoraux ? c’est ce que nous ne voudrions ni nier ni affirmer. Nous sommes de ceux qui tiennent toutes les prédictions électorales pour hasardées. L’histoire prouve que l’élection générale est un problème très compliqué, dont on n’a pu, que dans des cas fort rares, dégager d’avance toutes les inconnues.

À la chambre des pairs, les explications au sujet du droit de visite ne