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venons de visiter. Cette vérité ressortira encore davantage du catalogue général des manuscrits des départemens, dont on prépare actuellement la publication, et qui montrera que, même sous ce rapport, la France n’a rien à envier aux étrangers. »

Il existe en France et à l’étranger des catalogues de différentes collections de manuscrits, et les savans connaissent bien la valeur et l’utilité de ces sortes d’ouvrages, publiés à diverses époques, et qui leur ont souvent fourni les élémens de leurs travaux ; mais dans aucun siècle on n’a jamais osé entreprendre le catalogue général des manuscrits qui se trouvaient dans un vaste état. Bien que l’on ait imprimé une si prodigieuse quantité de livres, on est loin d’avoir publié tous les ouvrages qui existent encore. Pour l’histoire du moyen-âge, par exemple, on trouve dans les manuscrits une foule de pièces ou d’ouvrages inédits qui servent à éclaircir les points les plus difficiles de cette période si intéressante et si obscure. Souvent ces écrits ne pourraient pas être imprimés en entier, et il faut se borner à les indiquer dans un catalogue à l’attention des érudits qui se préparent à traiter un sujet déterminé. Au reste, le catalogue général des manuscrits des départemens ne doit pas contenir uniquement des titres d’ouvrages. Il faut qu’à propos de chaque manuscrit on y trouve quelques indications rapides où les faits nouveaux les plus curieux qu’il contient soient notés aussi exactement que possible. Il faut que les historiens, les artistes, les paléographes, les savans, les hommes de lettres, soient avertis par un mot de ce qui peut intéresser chacun d’eux dans un manuscrit. C’est, comme on le voit, de l’histoire littéraire générale à propos d’un catalogue, et c’est dans le choix de ces faits, dans les notes qui doivent accompagner chaque article important, que consiste la difficulté de faire un catalogue curieux et instructif, et que se montre l’habileté du rédacteur. Il est à peine nécessaire de rappeler que, pour rédiger un catalogue de manuscrits, il faut d’abord lire parfaitement les écritures de différens siècles, savoir déterminer l’âge d’un manuscrit, posséder différentes langues, avoir enfin des connaissances approfondies dans l’histoire littéraire et la bibliographie, pour ne s’arrêter qu’aux ouvrages véritablement inédits et intéressans, et pour savoir deviner, dans un ouvrage sans titre ou même mutilé, le nom de l’auteur, qui manque souvent. Il faut surtout posséder une patience infatigable, ne rien omettre, ne rien ajouter, ne rien corriger dans la description d’un manuscrit qu’on est forcé d’examiner en voyage