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Tels sont quelques-uns des motifs qui nous paraissent recommander très particulièrement l’essai de M. Brémond.

Le salon, avons-nous dit, est, de notre temps, une institution nécessaire ; nous en avons donné les raisons. Seulement il peut arriver que, semblable à tant d’autres, elle ne dépasse ou ne fausse son but. Excellente pour mettre le public et les artistes en communication, pour provoquer l’émulation et le travail, en un mot comme moyen de publicité et de concurrence, elle a le grave inconvénient d’activer la production outre mesure, sans la diriger ni la régler. Pour tempérer cet excès d’action, il suffirait peut-être de n’ouvrir le salon que tous les deux ans ; c’est une expérience qui vaut la peine d’être faite, et dans ces limites nous n’y voyons rien de dangereux. Mais en supposant que cette mesure eût les bons effets qu’on a droit d’en espérer, ce ne serait encore là qu’un résultat négatif. Or, ce qui manque surtout à l’art, à notre époque, c’est une direction, une tendance déterminée. Il s’agite beaucoup sans avancer, ce qui est le propre de toute anarchie. Pour le fixer et le régler, il ne suffit pas de l’endoctriner ; il lui faut avant tout de bons et grands exemples. Or, ces exemples, la peinture monumentale peut seule les donner. C’est donc l’extension de cette peinture et sa plus large application possible qu’il faut désirer, conseiller et prêcher. C’est de là, selon nous, que dépend tout l’avenir de l’art.


L. Peisse