couronne d’or de l’art. Serons-nous plus heureux dans le reste ? C’est ce qu’un examen prochain nous fera voir.
En attendant, il nous reste à remplir notre promesse à l’égard de l’essai de peinture à fresque de M. Brémond, essai tout-à-fait digne d’intérêt sous plusieurs rapports, et sur lequel nous ferons quelques réflexions. M. Brémond a donné deux spécimens de peinture à fresque. L’un est un groupe de trois figures drapées représentant les trois arts du dessin ; l’autre est une simple étude de tête d’homme. Ces spécimens sont dans le salon d’entrée, à côté de la porte et à la hauteur de l’œil. On ne pouvait leur donner une place plus ingrate. La fresque franche exige un jour direct et plein et un certain éloignement. Vu dans des conditions plus favorables, ce morceau aurait moins heurté les yeux peu habitués aux aspérités des peintures murales. Il y aurait peu de justice à juger ces figures comme une véritable composition complètement étudiée. L’artiste ne les a prises probablement que comme un motif. Ce n’est pas pourtant qu’elles soient insignifiantes, car celle de l’architecture est d’un dessin fier et d’une grande tournure, mais il s’agit ici surtout du procédé.
Nous regrettons que des critiques de quelque autorité aient accueilli cet essai avec si peu de faveur. M. Brémond n’a pas prétendu sans doute inventer, ni même simplement retrouver la fresque, dont les procédés sont décrits partout, et qu’on pratique même journellement en Italie et ailleurs. Il a voulu seulement apprendre à en faire lui-même, et en proposer l’introduction en France où, quoi qu’on en puisse dire, elle est parfaitement inconnue depuis des siècles. Cela est si vrai, que, lorsque dans ces dernières années la ville de Paris, poussée par on ne sait quelle inspiration d’en haut, a eu l’idée de faire peindre à fresque quelques murs d’églises, elle a été obligée de s’adresser à un badigeonneur piémontais, duquel les artistes chargés de ces travaux ont appris le peu qu’ils en savent aujourd’hui. La ville a dépensé huit mille francs en simples expériences matérielles. L’art de la fresque n’est donc pas chez nous chose si commune et si vulgaire. En fait, sauf quelques exemples tout récens et presque inconnus encore, déterminés par ces encouragemens, nous ne voyons pas qu’on en ait fait usage pour aucun des grands travaux exécutés dans les édifices publics par les plus éminens de nos artistes, qui n’ignorent pas pourtant l’excellence toute spéciale de cette méthode dans la peinture monumentale. Il est donc certain que la fresque est pratiquement tout-à-fait ignorée en France, et que l’essai de M. Brémond est par conséquent, sous ce rapport, nou-