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LETTRES DE CHINE.

travaux précieux, rendu stériles de longues sessions. » Sous ce rapport, le travail de M. Grün n’a pas seulement l’importance d’un bon répertoire de faits, il peut exercer une certaine influence sur l’avenir en donnant une direction plus sûre aux travaux des chambres et en suscitant quelquefois de précieuses améliorations.

Ainsi le gouvernement représentatif se fonde lentement et sûrement en France. Chaque jour apporte une pierre de plus à l’édifice. Ce sont là des signes infaillibles de durée et de force. Le commentaire ajoute en quelque sorte à la puissance de toute loi par la démonstration de ses principes ; la jurisprudence est la loi vivante. M. Alphonse Grün se borne pour le moment aux modestes fonctions d’analyste, mais quelque difficile que soit déjà ce travail, quelque délicat que soit le soin nécessaire pour dégager la règle de l’exemple, pour tirer tout juste d’une décision ni plus ni moins que ce qu’elle contient, il ne se bornera pas là. Déjà il annonce les nouveaux développemens, des dissertations sur des questions spéciales, des exposés de précédens des pays étrangers. Dans la période d’élaboration que traverse encore notre droit constitutionnel, de pareilles études ne peuvent manquer d’être fructueuses.


— Le Théâtre-Français vient de représenter un nouveau drame de M. Alexandre Dumas, Lorenzino. Nous avons retrouvé dans cette œuvre les qualités qui distinguent M. Dumas, sa verve, son esprit, son entente de la scène ; mais nous devons ajouter qu’on y remarque aussi des traces nombreuses de négligence et de précipitation. C’est un reproche, au reste, que nous n’adresserons pas seulement à M. Dumas, mais à notre littérature en général. Si chez elle l’invention abonde, l’étude et la patience font presque toujours défaut. On annonce que M. Hugo termine en ce moment un drame pour le Théâtre-Français. Il appartient à l’auteur d’Hernani, comme à tous nos poètes éminens, de concourir, par de sérieux efforts, à ranimer, dans notre littérature dramatique, le sentiment élevé et complet de l’art qui tend de plus en plus à s’en retirer.


— L’Académie française a nommé les successeurs aux fauteuils laissés vacans par la mort de M. Frayssinous et de M. Alexandre Duval. C’est M. le baron Pasquier qui remplace M. l’évêque d’Hermopolis ; c’est M. Ballanche qui hérite de M. Duval. L’élection de M. Alfred de Vigny se trouve donc ajournée ; nous espérons toutefois que l’Académie ne laissera pas long-temps hors de son sein le poète que des titres sérieux désignent à son choix, et parmi les