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REVUE DES DEUX MONDES.

Sur nos grèves à toi, dès le réveil du jour,
Une belle chanson d’amour !

Pour tes fils d’Occident, ô toi qui recomposes
Un pays dans les vapeurs roses,
Et sous l’ardent midi ! charmes leurs cœurs moroses ! » —


Courbé par ses réflexions,
Un savant écoutait : « Ah ! dit-il, épargnons
Leur beau miroir d’illusions ! »


III.
LE MANOIR.

Dans un champ druidique et près d’un ravin noir
De la noble héritière on voyait le manoir ;
Et goules et dragons tout cuirassés d’écailles,
Salamandres en feu s’élançant des murailles,
Paladins l’arme au bras, défendaient ce castel
Digne du vieux Merlin et du bon prince Hoel.
Je vins, et, détachant la mousse jaune et morte,
J’écrivis ces deux vers au-dessus de la porte :
« La fée Urgèle en une nuit
De sa quenouille m’a construit. »

Ô féerique manoir ! À la source prochaine
Une fille chantait le soir au pied d’un chêne,
Et d’un gosier si clair qu’il semblait d’un oiseau
Soupirant ses amours sur le bord du ruisseau.
De retour à la source au lever de l’aurore,