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DU MAGNÉTISME ANIMAL.

nambule récemment arrivée de province, où elle avait fait merveille, le fait de la vision magnétique. Cette somnambule était Mlle Prudence, dont le nom a beaucoup d’éclat dans le monde magnétique. Le fait dont j’allais, me disait-on, être le témoin et le témoin convaincu, était vu journellement tous les soirs, depuis quelques semaines. On laissait les spectateurs libres d’instituer, de modifier, de régler l’expérience à leur gré. On ne pouvait moins attendre de la loyauté de M. Frappart. La jeune fille étant déclarée endormie par son magnétiseur, on mit sur ses yeux un appareil composé, 1o de bandes de taffetas gommé étendues d’une paupière à l’autre, et couvrant tout le globe de l’œil ; 2o une couche de terre glaise (terre à modeler des sculpteurs) épaisse de cinq ou six lignes, et formant une espèce de masque qui couvrait les yeux, le nez, le front, les joues, jusque vers la bouche ; 3o sur cette couche de terre un bandeau noir noué derrière la tête ; 4o sur le bandeau noir une nouvelle couche de terre glaise. Cet appareil placé, je fus admis à l’examiner. Je le fis avec une extrême attention. Je ne pus y découvrir ni même soupçonner aucun défaut. On apporta des cartes, des livres ; la somnambule lut, elle joua aux cartes, elle vit. J’y retournai le lendemain, le surlendemain, même résultat. M. Frappart me demanda ce que je pensais, et si j’étais convaincu. Avant de répondre, je voulus expérimenter sur moi-même le degré d’efficacité de cet appareil d’occlusion. Je fis ces expériences conjointement avec M. le docteur Dechambre. Je n’en dirai ici que le résultat. Elles nous prouvèrent que cet appareil n’empêchait nullement de voir, et que la lumière pouvait facilement arriver à l’œil dans plusieurs directions et de plusieurs manières. Nos expériences furent publiées. M. Frappart les répéta sur lui et sur d’autres, et s’exécuta de bonne grace.

Dans le second fait, il s’agit d’un jeune homme de vingt ans, nommé Calixte, dont la renommée magnétique est européenne. Depuis plusieurs années, il donne chaque lundi, rue Saint-Honoré, sous la direction de M. Ricard, professeur de magnétisme, des soirées somnambuliques. On le regarde comme un des plus parfaits somnambules qui aient existé. Sa lucidité surtout passe pour incomparable. Pour la prouver, on applique sur ses deux yeux une poignée de coton cardé qu’on fixe au moyen d’un mouchoir lié derrière la tête. Ce moyen d’occlusion, en usage dans le colin-maillard, est plus simple que celui employé sur Prudence, mais non moins infaillible. C’est avec ce bandeau sur les yeux que Calixte fait preuve