Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/607

Cette page a été validée par deux contributeurs.
597
LE ROYAUME DE NAPLES.

monde une révolution littéraire ; mais où trouve-t-on du neuf aujourd’hui ? Et n’est-ce pas un spectacle intéressant par lui-même, indépendamment des fruits qu’il peut produire, que ce mouvement intellectuel qui s’entretient à l’extrémité de la péninsule italique, quoiqu’il manque de ce qui fait la vie même des lettres, la publicité ?

L’économie politique a partagé de tout temps avec la philosophie la prédilection des Napolitains. Un contemporain de Campanella, Antoine Serra, Calabrais, peut être considéré comme l’inventeur de cette science. C’était un de ces génies hardis et féconds comme Vico, que leur extrême originalité rend en quelque sorte inintelligibles pour leur siècle. Plus de cent ans après, un autre Napolitain, l’abbé Genovesi, donna aux études que Serra avait pressenties la forme scientifique ; ce fut pour lui que fut fondée la première chaire d’économie politique qui ait existé en Europe. Enfin, quand le moment des réformes arriva, il fut donné à Gaëtan Filangieri de populariser à Naples les doctrines élaborées par ses deux illustres devanciers, et à Joseph Palmieri de les appliquer en partie. Aucune nation, pas même l’Angleterre, n’a eu une pareille succession d’esprits éminens dans la science de la bonne administration. Il est remarquable que l’économie politique soit née et se soit développée dans un pays qui a été long-temps si mal gouverné. Encore aujourd’hui, c’est sur cet ordre d’idées que se portent le plus volontiers les esprits napolitains. Le nombre des livres, des brochures, des articles publiés sur ces matières est considérable. J’ai déjà parlé des Annales civiles et du Progresso ; je n’essaierai pas de donner une idée même approximative de tout ce qui s’imprime à Naples sur les finances, le droit, les travaux publics, la statistique, l’administration ; je me bornerai à citer MM. Bianchini, Blanch, Afan de Rivera, Pietra Catella, etc. ; ce dernier est le président du conseil des ministres.

Les établissemens académiques de Naples sont célèbres. L’académie Pontanienne, une des plus anciennes de l’Europe, fondée au XVe siècle par Pontanus, Panormita et Sannazar, est maintenant divisée en cinq classes, comme l’Institut de France. Une autre académie, la société royale Borbonica, est divisée en trois classes, l’archéologie, les sciences et les beaux-arts. Le roi protége et entretient ces établissemens, qui comptent un grand nombre de membres, parmi lesquels sont les personnages les plus considérables de l’état. Une académie de médecine et un institut royal d’encouragement pour l’agriculture et l’industrie qui correspond avec des sociétés établies dans les provinces, complètent le système. Deux biblio-