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soient aussi rares à Naples que notre orgueil septentrional voudrait bien le croire. Parmi les professeurs de l’université des Studj, il en est plusieurs qui seraient remarqués partout. J’ai déjà nommé M. Nicolini. J’en pourrais nommer bien d’autres dans les différentes facultés ; pour aller droit à ce qui a de tout temps caractérisé la ville de Naples parmi les cités italiennes, je m’en tiens à la philosophie. Même aux jours les plus désastreux de l’administration des vice-rois, les études philosophiques ont fleuri à Naples. Il semble qu’il soit resté sur cette terre, si long-temps grecque, quelque chose de l’esprit spéculatif des Hellènes, tandis que Rome et le nord de l’Italie s’attachaient davantage au génie positif des anciens Romains : dans l’antiquité, Pythagore et Zénon d’Élée ; dans les temps modernes, saint Thomas, quand la philosophie était tout entière dans la théologie ; Telesio, Giordano Bruno et Campanella, quand le réveil de la pensée libre a amené les temps d’examen ; enfin, au commencement du XVIIIe siècle, un des hommes qui ont eu le plus la divination solitaire du génie, Vico. De nos jours, M. le baron Galuppi, correspondant de l’Institut de France et professeur à l’université de Naples, n’est pas indigne d’être cité après ces grands noms ; il a publié un traité de la volonté, des leçons de logique et de métaphysique, des lettres philosophiques dont la dernière édition est de 1839, et prépare, dit-on, une histoire de la philosophie.

Autour de M. Galuppi se pressent quelques écrivains philosophiques. Le sujet le plus habituel de leurs travaux est l’étude des anciens philosophes napolitains. On remarque dans le nombre une très bonne vie de Campanella, par M. Baldacchini, et une traduction italienne du livre de Vico sur le droit universel, par M. Corcia. Les publications historiques ne manquent pas non plus dans la patrie de Giannone. L’immense ouvrage de M. Carlo Troya sur l’histoire d’Italie a donné prise à la critique ; l’Histoire du roi Manfred, de M. Giuseppe di Cesare, est mieux conçue et moins indigeste. D’autres recherches se font en silence et verront bientôt le jour. À Naples comme ailleurs, la curiosité se porte avec ardeur sur les monumens du passé ; les anciens historiens du pays sont réimprimés, les chroniques manuscrites dépouillées avec soin. Par suite de cette tendance, la littérature proprement dite devient elle-même historique. Un poète distingué, M. Campagna, fait des tragédies à la manière d’Alfieri sur des évènemens tirés des annales de Naples. L’auteur de l’Histoire de Manfred a écrit aussi un roman historique. Je sais que dans ces œuvres estimables il n’y a rien de bien neuf et qui promette au